M, L'heure du destin de Antonio Scurati
Nous y voilà, la fin se profile à l'horizon. La fragilité du régime, porté par des hommes médiocres, se révèle enfin de manière flagrante. Comment a-t-il tenu jusqu'à présent ? Violence, opportunisme, corruption. Des rêves provinciaux de splendeur retrouvée, donnés en pâture à un peuple habitué depuis longtemps à une vie humble, aux perspectives modestes et marginales. Et puis il y a lui, animal politique, doté d'un flair opportuniste hors pair....





En ces temps troubles, où la politique ne semble plus avoir d'autre horizon que la prochaine échéance électorale. Où tout scrupule semble avoir disparu en même temps que la peur d'être démasqués (en tant qu'escrocs et profiteurs). Où l'indicible est désormais un argument quotidien et où l'extrême droite gouverne le monde, directement comme en Italie, ou indirectement comme en France. Bref, en ces temps qui donnent le vertige, cela peut apporter...
S’il y a une leçon à tirer de ce magnifique livre de Scurati, c’est que "l'homme seul aux commandes" conduit nécessairement à la ruine du peuple qu'il gouverne. Cela a toujours été le cas, depuis le « Grand Corse », aux dictateurs du siècle dernier, jusqu'aux autocrates d’aujourd’hui. C'est juste une question de temps. Le temps qu'il faut au tyran du moment pour grimper au sommet de sa tour d'ivoire et commencer à prendre ses décisions...
Une fois encore, les pages que je m'apprête à commenter trouvent un écho ponctuel dans l'actualité. Souveraineté, nation, volonté du peuple, dit à la radio la virile voix de stentor de l'éternelle candidate à la présidentielle. On en devine la mandibule proéminente, les mains sur les hanches, la poitrine gonflée, le regard volontaire tourné vers l'avenir. Un avenir certainement meilleur pour le public enthousiaste. Même scénario au-delà des...
Il y a cinquante ans, il aurait été impensable de publier ce roman sans polémique. Le succès des ventes et des critiques qu'il a eues en Italie, et que j'espère qu'il aura aussi en France, aurait été improbable aussi. Les temps n’étaient pas mûrs pour parler du fascisme de manière formellement neutre, et il aurait probablement été injustement relégué entre les livres révisionnistes. Il faut comprendre qu’il y a cinquante ans, les fascistes...