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Publié le lundi, 29 janvier 2018 à 09h37

L’Éthique de L‘aquarium de Ilaria Gaspari

Par Stefano Palombari

L’éthique de L‘aquarium - couverture

Roma Livres est une collection de polars entièrement consacrée aux auteurs transalpins, lancée il y a quelques mois par les éditions Grenelle. Un coup d’œil distrait peut induire à la méfiance. Souvenons-nous de l’adage : « Jamais juger un livre par sa couverture ». Bref, la lecture des deux premiers opus (Sans aucun remords d’Edoardo Maspero et L’Éthique de l’aquarium d’Ilaria Gaspari dont on parlera ici) se révèle bien plus intéressante de ce que la couverture, qui fait un peu littérature de gare, laisserait penser. Chaque roman, du moins pour l’instant, est consacré à une ville, Milan pour Maspero et Pise pour Ilaria Gaspari.

Ce qui frappe au premier abord le lecteur qui entame L’Éthique de l’aquarium c’est l’écriture. Le roman est très bien écrit. On avance avec plaisir suivant le trait de plume précis et assuré de l’auteure. Nous sommes à Pise où, dix ans après l’obtention de leur diplôme en philosophie, quatre anciens collègues de fac ou plutôt de la « prestigieuse » Scuola normale de Pise sont de retour dans la ville toscane convoqués par la police. Virginia, une autre camarade, vient de se suicider… la police ne croit pas à la thèse du simple suicide.

Le retour est un sujet fascinant. On ne retrouve jamais ce qu’on a laissé. La ville a changé mais se promener dans les lieux habités, « vécus », précédemment force les souvenirs… comme s’ils jaillissaient de la boîte de Pandore. Oui, car il s’agit pour la plupart de mauvais souvenirs. Et voilà que l’École normale de Pise montre au lecteur ignare son vrai visage. Un lieu où toute beauté est bannie, « la pensée ne peut se marier qu’à la laideur ». Le premier impact est rude : on est frappé par les étudiants, déjà vieux malgré leur jeune âge... Et par la pression, qui ôte tout plaisir à l’apprentissage. Ce n’est pas le savoir qui compte mais l’excellence. La concurrence y règne sans partage. Tout ça dans un petit espace clôt… comme un aquarium. Comme l’aquarium du jardin de l’internat, où par une sorte d’étrange mutation génétique, les gentils poissons se sont transformés en un genre de piranhas.

Le « je narrant » du roman est Gaïa, l’une des quatre protagonistes, l’alter-ego de l’auteure. Celle qui par sa beauté insolente s’attire la méfiance des collègues, masculins autant que féminins. Gaïa entretient un rapport très ambigu avec la « victime ». Ce qui lui vaut la convocation par les enquêteurs.

Le style de la jeune Ilaria Gaspari trahit ses études philosophiques. Si d’un côté, cela donne à sa prose une évidente assurance et maîtrise des outils linguistiques, de l’autre cela confère à ses phrases une certaine verbosité qui ralentit le rythme. Un noir philosophique ?

Informations pratiques

L’Éthique de L‘aquarium de Ilaria Gaspari, Éditions Grenelle, 14 €
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