Anna de Marco Amenta. Résistance rurale

Par Stefano Palombari

Anna vit toute seule dans une petite ferme au décor plus que spartiate. Une sorte de grotte, d’habitation troglodyte. Elle fait du fromage de chèvre, qu’elle vend une fois par semaine au marché de la petite ville la plus proche. Ses chèvres sont toute sa vie. Elle n’a personne d’autre si l’on exclue un jeune assistant et des rencontres occasionnelles, purement physiques, dans des bars et boites de nuit, sous l’effet de l’alcool.

Dans un environnement imprégné de machisme, sa vie libre et indépendante ne plaît guère. Elle est étiquetée comme volage et légère. Une fille facile. D’autant plus qu’elle a « abandonné » son mari, originaire du même village, à Milan. On perçoit en elle une blessure profonde et encore saignante. Un traumatisme qui lui empêche tout rapport normal avec les autres. Et surtout lui inhibe la moindre trace de confiance.

Nous sommes en Sardaigne à quelques kilomètres d’une mer incontaminée. Une terre sauvage et merveilleuse qui titille les intérêts financiers de grands groupes. Quand une entreprise française décide de passer à l’acte, la vie d’Anna bascule. La vie qu’elle menait et qu’elle s’était choisie est sur le point de s’effondrer. Anna ne se laisse pas faire. Que peut une jeune fille contre une armée d’avocats dans un territoire où les actes de propriété sont une réalité récente ? Face à son entêtement, la méfiance et l’hostilité de ses concitoyens à son égard s’accroît. Ils voient dans le projet hôtelier, une opportunité d’échapper enfin au chômage endémique dans la région.

Si parfois le désespoir l’accable, Anna, aidée par un avocat rencontré par hasard, qui prend à cœur son combat, ne se laisse pas démonter. Aux yeux des aînés, son obstination leur donne le courage de protéger leur terre. De paria elle se mue en porte étendard. Inspiré d’une vraie histoire, Anna est un film puissant, porté par une actrice frêle à la force insoupçonnable.