Publié le samedi, 30 juillet 2016 à 11h17
Enfer de Dante, nouvelle traduction
La Divine Comédie de Dante Alighieri est une source inépuisable de réflexions, réinterprétations, inspirations…. Et traductions. La dernière en date vient de paraître aux éditions Actes Sud. On pourrait se demander quel est l’intérêt de sortir une nouvelle version française d’un ouvrage écrit il y a plus de 700 ans.
Le destin des grands classiques, notamment de ceux qui comportent une complexité structurelle, linguistique et sémantique (ce qui est le cas de la Comédie), est de connaître une fortune rythmée par des multiples traductions. Traduire Dante n’est pas une mince affaire. Déjà pour les Italiens, sa lecture est un exercice très ardu. Les lycéens qui doivent le lire intégralement, du moins ce fut le cas lorsque j’étais au lycée, bénéficient d’un appareil critique au moins aussi riche que le texte lui-même.
A ceci, il faut ajouter les différentes théories interprétatives qui se multiplient régulièrement. Il est donc normal que les traducteurs qui se penchent sur le texte tentent de combler les lacunes des « tentatives » précédentes. A chaque publication, on met la barre un peu plus haut. On tâche de pousser un peu plus loin le rendu dans la « fidélité », but chimérique, à la version originale.
La traduction de Danièle Robert, intègre les dernières interprétations, comme celle « onirique » de Barberi Squarotti et Walter Siti. Les deux chercheurs s’appuient sur le premier vers pour une lecture originale de l’œuvre entière. Le « Nel mezzo del cammin di nostra vita » ne ferait pas référence à l’âge de l’auteur (environ 35 ans) mais plutôt au moment de la journée. Nous sommes au crépuscule, théorie étayée par son état de somnolence.
La nouveauté la plus intéressante de cette nouvelle publication réside dans la structure. La version française de Danièle Robert respecte pour la première fois la « tierce rime », qui repose sur une strophe en trois vers, la terzina. Cette forme est le « véritable moteur » du texte de Dante où le nombre trois, écho poétique de la trinité, est partout. La forme pour le poète n’est pas « une enveloppe extérieure d’un prétendu fond indéterminé qu’on revêt du dehors mais un acte unifiant qu’il s’agit de ressaisir de l’intérieur ».