Publié le samedi, 8 juillet 2023 à 10h44
Des Jeunes, nouvelles de Federigo Tozzi. Exercices de style
Le sort a été particulièrement sévère avec l’écrivain siennois Federigo Tozzi. En 1920 la grippe espagnole a mis fin à sa jeune carrière prometteuse. Il n’avait que 37 ans. Il a eu le temps d’écrire quelques chefs-d’œuvre, parmi lesquels Con gli occhi chiusi (Les yeux fermés) et Il podere (Le domaine) ainsi que des nouvelles. Toute l’œuvre de Tozzi est publiée en français par l’éditeur suisse La Baconnière. Le recueil de nouvelles Giovani (Des Jeunes) vient tout juste de paraître dans la traduction de Philippe Di Meo.
Comme toujours, lorsqu’il s’agit de nouvelles, certaines nous paraissent plus abouties que d’autres. La première par exemple, Les Locataires, est un petit bijou. L'auteur fait preuve d'une particulière habileté dans le rendu psychologique de personnages simples, comme deux locataires, par le biais de leurs agissements. On est touché par leur humanité, qui s’exprime par incohérences, contradictions, incompréhensions, sauts d’humeur. Des rituels qui nous restituent l’âme de ces deux femmes qui sont voisines depuis leur plus jeune âge mais qui ne se connaissaient pas. Elles se méprennent, rongées par la jalousie.
Toutes les nouvelles du recueil, qui compte aussi trois inédits, abordent des thèmes différents. Elles se passent pour la plupart à Sienne et dans sa campagne, les autres à Rome. Toutes ont cette volonté, plus ou moins aboutie, de sonder les sentiments les plus profonds des protagonistes. Des descriptions minutieuses de petits détails ouvrent des brèches qui mènent le lecteur à se faire une idée du personnage, de ses aspirations, de ses peurs. Un procédé qui, mutatis mutandis, me fait penser à Italo Calvino, en particulier celui des nouvelles Gli amori difficili.
Informations pratiques
- Federigo Tozzi, Des Jeunes, traduit de l'italien par Philippe Di Meo, La Baconnière, 20€