Chiara Montani, L’Artiste et le manuscrit interdit. Renaissance flamboyante

Par Stefano Palombari

Dans ce nouveau thriller historique de Chiara Montani, nous retrouvons le couple d’enquêteurs improvisés déjà rencontrés lors du précédent roman, Le Mystère de la Fresque Maudite. Piero della Francesca, immense artiste de la Renaissance et Lavinia, la jeune nièce du peintre Domenico Veneziano, elle aussi adepte, en toute discrétion, de palette et pinceaux.

Nous sommes à Rome, en 1459. Un incendie d’une rare violence se déclare, lors d’une réception, dans la villa magnifique d’Antonio della Valle. Piero della Francesca échappe de peu à la mort, Antonio della Valle est blessé mais Lucrezia, son épouse, et Gregorio Caloianni, son comptable, périssent. Une substance inconnue et particulièrement inflammable a été utilisée. Les flammes au contact de l’eau augmentent carrément d’intensité. L’incendie permet aux coupables de s’emparer d’une forte somme d’argent ainsi que de documents confidentiels. De quels papiers s’agit-il ?

A partir de là, notre Sherlock Homes de la Renaissance, aidé par son Watson en jupette, se lancent sur les traces des coupables. A la suite d’une série de rebondissements et de coups de théâtre nos deux héros réussissent à venir à bout de l’énigme. La lecture est plaisante et très instructive. Chiara Montani, spécialiste de l’art, ne se limite pas à bâtir un polar captivant, elle nous guide également dans l’apprentissage de l’art de la fresque, des pigments et des substances qui les constituent.

Au-delà de l’intrigue, qui est bien ficelée, l’intérêt principal du livre se situe dans le contexte. L’autrice a dû faire des études très poussées (attestées par la dense bibliographie)  pour rendre correctement la topographie de la ville à l’époque, les habitudes vestimentaires des différentes couches de la population, les fresques visibles alors et qui ont entre-temps disparu… afin que l’histoire soit crédible et cohérente avec les documents en notre possession. Comme pour d’autre romans du même genre, l’imagination de l’écrivaine s’empare avec dextérité des lacunes et des zones d’ombre de l’historiographie pour créer des œuvres de fiction tout à fait plausibles.