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Publié le mardi, 11 février 2025 à 09h22

Vita Mia de Dacia Maraini

Par Riccardo Borghesi

Dacia Maraini, Vita Mia - couverture

En septembre 1943, suite à l'armistice signé par Badoglio, l'Italie se retrouva divisée en deux.
Au sud, le Royaume d'Italie, libéré, ou plutôt rendu aux troupes alliées, et au nord, la République de Salò, héritière directe du fascisme.

Les Italiens restés aux mains du régime furent invités à prêter serment de fidélité à la République. Ceux qui ne le faisaient pas devenaient des traîtres à la patrie, des ennemis pires que des ennemis qui finissaient dans des camps de prisonniers ou même fusillés.

Cela arriva également aux Italiens vivant dans les pays alliés de l’Allemagne nazie. À cette époque, la famille Maraini se trouvait au Japon à la suite du père Fosco, anthropologue spécialisé dans l'Extrême- Orient et homme aux principes démocratiques affirmés. Il était donc naturel que les époux Maraini refusent de signer l’acte de fidélité.

Ce refus de signature leur coûta trois années de souffrances, infligées avec une créativité débordante par les geôliers du soleil levant.
Un peuple où le respect et la délicatesse étaient érigés en art, se révéla aux yeux des Maraini, dans toute sa cruauté, son racisme et sa impitoyabilité, égale peut-être à celle des alliés germaniques.

Le récit de la captivité qui a duré jusqu'à la capitulation du Japon en septembre 1945, est basé sur les souvenirs de Dacia enfant et les écrits de ses parents.
Le récit de la captivité qui a duré jusqu'à la capitulation du Japon en septembre 1945, est basé sur les souvenirs de Dacia enfant et les écrits de ses parents.

Dacia n'avait que sept ans, ses petite sœurs encore moins. La faim, le froid, la maladie, l'humiliation et la menace constante d'une mort imminente ont été son quotidien pendant de longs mois. À cela il faut ajouter la douleur du rejet soudain et impensable du pays qui l'a vue grandir et l'a accueillie pendant cinq ans.

"Vita mia" a été écrit en 2023, près de 80 ans après les événements qu'il relate. 80 ans, c'est dire la profondeur du traumatisme.
C'est un manuel de survie pour enfants, mais c'est aussi un récit d'une délicatesse inattendue. À la fragilité de l'enfance se superpose celle de la vieillesse. Deux mondes apparemment antithétiques se superposent, celui de 1943 fait d'horreur et de souffrance, et celui de 2023 empreint de nostalgie pour l'enfance perdue.

Informations pratiques
  • Dacia Maraini, Vita Mia, traduit de l'italien par Marc Lesage, Payot, 19 €