Publié le mercredi, 15 janvier 2025 à 09h21
Uvaspina de Monica Acito. Le goût âpre de la groseille

Minuccia est une petite fille adorable. Mais elle peut rapidement se transformer en furie. Les deux états s’entremêlent, se touchent, se chevauchent. Il suffit d’un rien pour que l’ange se transforme en démon. Son frère Carmine, que tout le monde appelle Uvaspina (groseille à maquereau) à cause de sa peau claire, presque transparente, en sait quelque chose. Il est le principal souffre douleur de sa petite sœur. Dès son plus jeune âge, il a la lourde tache de supporter ses excès de violence et de ne pas réagir.
Uvaspina est un femminiello. Il est imberbe et efféminé. A l’école tout le monde se moque de lui. D’autant plus qu’il est amoureux de l’un de ses camarades de classe. Ce dernier, rejeton d’une riche famille de Posillipo, l’ignore et multiplie ses conquêtes féminines. Uvaspina vit dans une sorte de malaise, de doute permanent, jusqu’à sa rencontre avec Antonio.
Leur mère, Graziella, appelée « la dépareillée », agonise tous les mercredi soir, lorsque son mari sort sans elle. Elle vient de Forcella, le cœur populaire de la ville, tandis que Pasquale Riccio, son mari est issu d’une riche famille du quartier Chiaia. Il exerce son métier de notaire ainsi que sa fonction de président du Cercle nautique avec une grande désinvolture.
Les personnages qui peuplent ce roman sont pittoresques mais jamais grotesques. Ceux qui ont une certaine connaissance de la ville du Vésuve savent que la normalité est un concept relatif. La réalité est parfois bien au-delà de l’imagination. Tous les acteurs de cette histoire sont peints avec leur lumière et leurs ombres. Ce qui les rend très humain. Derrière eux, la ville est toujours présente. Une ville qu’on peut aimer ou détester mais qui ne laisse jamais indifférent.
Monica Acito conduit les lecteurs dans les méandres de la ville, le « ventre de Naples », dans les ruelles de Forcella mais aussi sous le soleil aveuglant de Posillipo, sur les plages mais surtout à l’ombre du magnifique Palazzo Donn’Anna à Posillipo, exemple unique d’architecture vénitienne à Naples.
C’est un premier roman qui frappe par sa construction. Il est complexe dans la structure mais très facile à lire. Le style est original, le rythme rapide, nerveux, la traduction remarquable… On épuise rapidement ses 450 pages. Une excellente surprise pour bien démarrer 2025.
Informations pratiques
- Monica Acito, Uvaspina, traduit de l'italien par Laura Brignon, Éditions du Sous-sol, 24,50 €