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Publié le mardi, 1 septembre 2020 à 12h29

Sole de Carlo Sironi, bientôt en avant première et sortie nationale le 9 septembre

Par Valérie Mochi

Claudio Segaluscio et Sandra DrymalskaIls dans une scène de Sole de Carlo Sironi

Déjà primé pour ses courts métrages, Carlo Sironi obtient avec Sole son premier long métrage, un succès international. D’abord dans son pays où il est primé au Festival de Venise, puis en France où il remporte les Grands Prix des festivals de Villerupt, Montpellier et Toulouse, et à travers le monde, Toronto, Montréal, jusqu’à l’Inde et la Chine à Mumbai et Pingyao.

Sole c’est le soleil en italien, et c’est le nom de l’enfant qui est au centre du film. Au début Sole est encore dans le ventre de sa mère Lena (Sandra Drymalska), une jeune femme débarquant de Pologne en Italie dans une ville sans repère.

« J’ai essayé d’éviter d’ancrer le film dans un lieu. Le quartier de Nettuno où j’ai tourné est resté identique à celui de la fin des années 70. Il a cette architecture particulière, à la fois actuelle et intemporelle qui le rend presque anonyme. Cela renforce le minimalisme du film mais surtout donne le sentiment que cette histoire pourrait se dérouler dans n’importe quelle petite ville de province en Europe » Carlo Sironi

Lena a vendu son enfant à un couple stérile Fabio (Bruno Buzzi) et Bianca (Barbara Ronchi), elle sera prise en charge à son arrivée par Ermanno (Claudio Segaluscio), le neveu de Fabio. Ermanno est un jeune homme seul, silencieux et mystérieux. Il survit en volant des scooters et passe son temps devant les machines à sous où il dépense tout son argent mal gagné. Lena et Ermanno sont perdus et en même temps prisonniers, ils doivent cohabiter de force jusqu’à la naissance de l’enfant. Car l’oncle Fabio doit prendre des précautions, il veut pouvoir adopter l’enfant en toute légalité, personne ne doit être informé de son trafic organisé, Ermanno devra déclarer sa paternité fictive et ensuite abandonner l’enfant pour lui.

Les dialogues sont réduits au minimum, le montage sobre, la narration linéaire. D’une lenteur inhabituelle dans le cinéma actuel, c’est un film concept, presque ascétique. Les lumières basses, la pénombre, le froid glacial, les décors, les vêtements, même la mer, tout est gris bleu, un bleu mélancolique.
Filmé sobrement, pas de mouvements d’appareils, cadre carré, acteurs de face, de dos ou de profil, jamais de biais, le travail du chef opérateur Gergely Poharnok est exceptionnel. Exactement à l’inverse de ce qu’il a créé pour le film de Valeria Golino Euforia, qui lui était solaire, lumineux.

Dans Sole c’est la lune qui domine, l’enfant ne sera pas un rayon de soleil dans la vie de ces deux jeunes et le couple de Fabio/Bianca n’apporte aucune solution pour l’enfant et ses futurs jeunes parents, au contraire, au moment où Ermanno et Lena commencent à se rapprocher, la situation devient de plus en plus insupportable. Fabio et Bianca, qui représentent le monde des adultes, deviennent des monstres. La tension est palpable, à chaque scène plane l’inquiétude, le drame est à la porte.

Ces deux jeunes acteurs inconnus, Ermanno (Claudio Segaluscio) pour qui c’est son premier rôle et Lena (Sandra Drymalska) qui a tourné déjà beaucoup en Pologne mais que l’on n’a pas vue sur les écrans français ou italiens, sont remarquables. Une interprétation toute en nuances, tout passe par les regards, les mots qui ne sortent pas, les corps qui ne réussissent pas à se toucher, ils portent le film sans montrer aucun effort, ils semblent flotter comme dans leur vie.

C’est le portrait d’une jeunesse abandonnée, qui s’abandonne et qui abandonne. Les deux protagonistes sont orphelins, presque innocents, ils tentent par tous les moyens de faire face au monde, à leur monde difficile, à notre monde impitoyable.



« Dans ce film, il y a des éléments dramaturgiques très forts, une jeune femme qui va vendre son enfant, un jeune homme qui va se déclarer père juste pour gagner trois mille euros, alors justement, je n'ai pas voulu que la dramaturgie soit trop forte, trop claire. En fait, je ne voulais pas que ce soit trop violent. Je ne voulais pas d'un film sur la survie, mais je voulais un film sur la pudeur de l'amour ». Carlo Sironi

Informations pratiques

Sortie nationale le 9 septembre 2020
Avant-premières en présence de Carlo Sironi : le 3 septembre 2020 à 20h au cinéma des Cinéastes, le 4 septembre au cinéma L'Écran à Saint-Denis, le 7 septembre au mk2 Beaubourg et le 8 septembre au cinéma Studio 28 à Paris.

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