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Publié le samedi, 30 juillet 2011 à 10h02

Sisyphe napolitain en terre allemande

Par Stefano Palombari

Peut-on tourner définitivement une page de notre vie, sans que des bribes d'une époque que l'on pensait définitivement révolue viennent un jour frapper à la porte ? Au-delà de l'intrigue, c'est la question à laquelle tente de donner une réponse ce petit chef-d’œuvre de Claudio Cupellini. Toni Servillo y incarne superbement Rosario Russo, propriétaire d'un restaurant italien prestigieux dans un petit village allemand. Au beau milieu d'un environnement bucolique, entouré de forêts où l'on chasse le sanglier, Rosario mène depuis 15 ans une vie paisible, una vita tranquilla, avec sa femme Renate et son fils Mathias de 8 ans. Une nouvelle vie après avoir enterré la précédente, bien plus turbulente.

Un malheureux concours de circonstances vient, en un seul instant, anéantir les sacrifices de plusieurs années. Une apparition soudaine, émergée des plis d'une existence dont il a tout fait pour effacer les moindres traces, rappelle cruellement à Rosario qu'on n'est jamais à l'abri de son propre passé. Qu'on n'efface pas le vécu d'un simple coup d'éponge.

Una vita tranquilla, le deuxième long-métrage de Claudio Cupellini, est un film bouleversant de précision, un « sans faute ». En le regardant, on se rend compte que tout est réalisé dans la juste mesure, tout est calibré au millimètre. Un travail d’orfèvre qui tient pendant les 100 minutes du film, grâce aussi au jeu admirable des acteurs. C'est l'un des films les plus remarquables qui ait franchi les Alpes, ces dernières années. A voir absolument.

Toni Servillo dans une scène du film
critique du film Une vie tranquille