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Publié le jeudi, 15 juin 2023 à 09h57

Sans collier de Michèle Pedinielli. La ménopause n’est pas un naufrage

Par Murielle Hervé-Morier

Sans collier de Michèle Pedinielli - couverture

Ghjulia Boccanera alias Diou, détective privée de son état, est chargée d’enquêter sur une sombre affaire mêlant combines louches, travail clandestin et misère humaine dans la ville de Nice, qui n’est pas un endroit aussi paradisiaque que sa Baie des Anges peut le laisser croire.
En marge de la Promenade des Anglais en effet, Michèle Pedinielli, née à Nice d’un mélange corse et italien, dévoile ici l’envers de la carte postale via les aventures d’une héroïne au caractère bien trempé, chargée d’enquêter dans un premier temps sur la disparition d’un jeune ouvrier moldave. Un mystère qui en appellera d’autres.

Bientôt, présent et passé s’entrecroisent. Ainsi le passé va-t-il s’inviter par la voix d’une femme qui s’enregistre pour ne pas oublier. Son parcours tumultueux la relie aux années sombres d’une Italie durablement endeuillée par le terrorisme. Focus sur le massacre de la gare de Bologne, perpétré en 1980. Un traumatisme que le pays n’a pas encore totalement purgé. C’est là que nous faisons connaissance avec les dénommés cani sciolti, « les chiens sans collier ». En ce temps-là, Ferdi, Monica, Rossella et Alberto rêvaient de changer le monde. Ils apparaissent aujourd’hui comme autant de figures aux contours complexes pour embarquer le lecteur dans une intrigue sans répit.

Ce polar aux faux accents de roman chick lit offre une incontestable originalité de ton. Dans cet opus, notre protagoniste, en plus de pouvoir compter sur Dan, son colocataire gay en qui elle a placé une confiance indéfectible, se retrouve en proie à la pire perfidie que la nature puisse faire à une femme encore jeune : la soumettre aux affres de la ménopause… Sous des dehors de légèreté, entre deux bouffées de chaleur et d’humour, Sans collier démontre que l’écriture reste avant tout un acte politique.

Informations pratiques
  • Michèle Pedinielli, Sans collier, Éditions de l’Aube (L’Aube Noire), 18,90 €