Sandrone Dazieri, La Danse du Gorille. Dernier tango à Milan

Par Stefano Palombari

Une retraite paisible ça se mérite. Le Gorille, ancien activiste d’extrême gauche, enquêteur officieux de cas négligés par des policiers paresseux, pensait enfin pouvoir profiter d’une retraite bien méritée dans une péniche louée sur les canaux d’Amsterdam. Mais c’était un leurre. La mort de son vieil ami Albero l’extirpe de sa torpeur néerlandaise.

La loupe déterrée, il se précipite à Milan pour essayer de combler les lacunes d’une enquête bâclée. La thèse du suicide d’Albero n’est pas convaincante. Au nom de l’amitié avec le défunt, et d’une coquette somme, le Gorille se lance sur les traces des meurtriers. Tous ses efforts pour agir dans l’ombre, par des mouvements feutrés et des questionnements discrets, sont vite sabotés par son « Associé ». Le Gorille doit se partager avec son alter-ego incommode, lourd héritage d’une grave blessure. Son « associé », une sorte de Mister Hyde lombard, prend soudainement possession de son corps et le contraint à assouvir ses désirs et ses pulsions les plus reculés. Se débarrassant de toute contrainte, c’est son côté impulsif qui prend le dessus. Une sorte de revanche de la sincérité.

Aidé par se amis fidèles autant qu’improbables, le Gorille doit affronter plusieurs épreuves périlleuses pour mener à bien son enquête. Avec son rythme accéléré, sa subtile ironie, ses personnages insolites et touchants, son intrigue bien ficelée, La danse du Gorille nous offre des moments de pur bonheur littéraire. Un cadeau très précieux par ces temps moroses.

C'est malheureusement tellement rare qu'il est important de le signaler quand c'est le cas : la traduction de Delphine Gachet est excellente autant que ses notes de bas de page, toujours pertinentes.