Sacha Naspini, Oxygène : Éducation existentielle

Par Stefano Palombari

La vie n’est pas une répétition d’instants qui se ressemblent. Luca, jeune homme de 27 ans qui vit avec son père, en fait l’amère expérience. Après la perte prématurée de sa maman, sa vie a repris une certaine régularité, lorsque soudainement, sans aucun signe prémonitoire, son existence s’effondre. Un soir sans histoire, au beau milieu d’un film à la télé, les forces de l’ordre débarquent chez eux et amènent son père.

Le professeur Carlo Maria Balestri, ponte de l’anthropologie, est accusé d’avoir séquestré pendant des années des petites filles. Luca, qui menait une existence discrète, acquiert soudainement, et involontairement, une visibilité gênante. Sa présence dans la petite ville touristique sur la côte assume en quelques jours une dimension encombrante, pour lui et pour ses proches. Commence alors une rapide descente aux enfers de l’ermitage.

Laura, la dernière victime de son père, restée enfermée pendant 14 ans, une fois libérée par la police, devient donc inconsciemment, secrètement et incompréhensiblement la seule bouée de secours du jeune homme.

Les changements de perspective qu’offre au lecteur la structure du roman de Sacha Naspini lui permettent de nous plonger dans l’abîme psychologique d’êtres soumis à des expériences existentielles extrêmes. Au bout du chemin, le solipsisme des personnages ne peut que se reconnaître. Oxygène est un roman original, intelligent et captivant. L’écriture élégante et raffinée de l’auteur est offerte au public francophone dans une traduction d’une rare précision littéraire.