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Publié le vendredi, 2 juillet 2021 à 09h42

Patrizia Valduga, Cent quatrains érotiques

Par Stefano Palombari

Cent quatrains érotiques - couverture

Le problème avec la poésie c’est qu’il faudrait la lire dans sa forme originale. Si la « trahison » de certains traducteurs permet parfois à la littérature de s’en sortir, d’échapper au sort d’une banalisation sémantique ou formelle, la poésie, quant à elle, est un objet tellement fragile qu’il est pratiquement impossible de ne pas l’abîmer en la déplaçant. La poésie est encrée dans sa forme.

Les Cent quatrains érotiques de Patrizia Valduga, poète et traductrice reconnue et appréciée en Italie, n’échappent pas à la règle. Le texte français qui précède l’original montre toute sa pauvreté, sa maladresse. Il ôte la poésie à ces poèmes. Soyons clairs, je ne suis pas en train de jeter la pierre aux traducteurs, Paolo Bellomo et Camille Bloomfield qui ont fait ce qu’ils ont pu. Ils signent, par ailleurs, l’excellente postface qui aide à situer et mieux comprendre l’auteure et son œuvre.

Le lecteur qui ne serait pas à l’aise avec la langue de Dante, devrait savourer ces quatrains en hendécasyllabe (« vers majeur de la tradition italienne ») et rime croisée d’abord dans leur langue. Se laisser bercer par la mélodie évocatrice des vers de Patrizia Valduga et seulement dans un deuxième temps lire la traduction.

Mais de quoi parlent-ils ? Ces quatrains n’ont rien en commun avec les Sonnets luxurieux de Pietro Aretino. Il s’agit d’une nuit d’amour. Une nuit d’amour longue de cent quatrains. Une nuit d’amour faite de dialogues, de désirs, de craintes, d’attentes. Chaque quatrain renvoie au suivant. Ce qui montre une unité surprenante.
Jamais vulgaire, l’évocation érotique est souvent directe, factuelle. Cela me fait penser à la célèbre phrase de Berni à propos des poèmes de Michelangelo : « Ei dice cose e voi dite parole » (« lui, dit des choses, et vous, vous dites des mots »).

Informations pratiques
  • Patrizia Valduga, Cent quatrains érotiques, traduit par Paolo Bellomo et Camille Bloomfield, Nous, 15 €

Vous pouvez commander ce livre, en italien ou en français, sur le site de La LIbreria