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Publié le mercredi, 1 mai 2024 à 10h02

Marco Missiroli, Tour avoir. Le dessous des cartes

Par Stefano Palombari

Tout avoir de Marco Missiroli - couverture

Rimini évoque d’emblée les vacances à la mer. Des longues langues de sable, des rangées de parasols, des chaises longues alignées. Bref, le lieu de villégiature pour s’amuser et faire bronzette. On oublie souvent que derrière ce décor ensoleillé, ces existences transitoires comme les plaisirs qu’elles génèrent, Rimini est une ville habitée à l’année, avec ses joies et ses misères.

Sandro vit à Milan. Sa vie amoureuse et professionnelle était plus que satisfaisante : une copine aimante et une carrière de publicitaire à succès. Mais le démon du jeu est là pour tout détruire. Dès qu’il entend l’appel des cartes, il ne sait pas résister. Sa copine le largue et ses clients se font rares.

Suite à un étrange coup de fil de Nando, son père, Sandro décide de lui rendre visite. Le jeune homme est originaire de Rimini où son père vit toujours. Il est accoutumé aux échanges compliqués avec celui-ci. Des communications déchirées par de longs silences, des phrases hachées, des allusions à peine esquissées entre une taffe et une quinte de toux. Mais cette fois-ci, Sandro décerne autre chose. Le prêtre du village l’avait déjà prévenu des excentricités nocturnes de son géniteur. On est au mois de juin, Sandro débarque dans une ville qui, comme chaque année à la même période, se prépare à la saison estivale et à l’arrivée de hordes de vacanciers.

Rimini devient donc une sorte de ville refuge. Une ville maternelle, qui, comme toute « mamma » italienne qui se respecte, a du mal à laisser partir ses enfants. Sandro retrouve aussi ses amis du lycée et commence un voyage dans le passé qui lui permettra de se projeter dans l’avenir. Les modalités expressives de Nando, laconiques et sibyllines, déteignent sur toute la narration. Marco Missiroli, qui, comme le protagoniste, est originaire de Rimini et a été addict au jeu de cartes, est par son style plus proche du père. Tout avoir est un roman où les sensations ne sont jamais nommées. La juxtaposition savante de certains syntagmes les fait jaillir comme par magie directement à la lecture dans l’esprit du lecteur.

Informations pratiques
  • Marco Missiroli, Tour avoir, traduit de l'italien par Liliane Guillard, Calmann-Levy, 19,90 €