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Publié le vendredi, 31 janvier 2025 à 10h15

Loriano Macchiavelli, Passé présent et après. L’auteur n’est jamais trop loin

Par Stefano Palombari

Ils y ont cru - couverture

Après Les jours de la peur, paru l’année dernière, à l’occasion des cinquante ans de la première édition italienne, Les éditions du Chemin de fer continuent sur leur lancée, en publiant un autre polar de Loriano Macchiavelli, Passé présent et après. Il s’agit du cinquième roman de la série consacrée au sergent Sarti Antonio, sorti en Italie en 1978 et quarante ans plus tard chez Métailié sous le titre de Derrière le paravent.

Les polars de l’écrivain bolonais jouent sur deux terrains, l’enquête et le contexte. Du côté de l’enquête, le sergent Sarti Antonio est contraint de patrouiller un quartier malfamé à bord de la voiture 28 conduite par le sédentaire Felice Cantoni, sorte de prolongation du siège auto. Une bourde phénoménale a servi de prétexte à son supérieur, l’arrogant Raimondi Cesare pour lui assigner cette tâche dégradante.
Dès les premières pages, on remarque un protagoniste supplémentaire : l’auteur. Par un procédé emprunté au théâtre, autre passion de l’écrivain, Loriano Macchiavelli, déjà dans son troisième ouvrage, sorti en 1976, s’était catapulté à l’intérieur de son récit. Pour cette première apparition, il s’était carrément donné le rôle de l’un des suspects. Dans Passé, présent et après, sa présence est plus discrète.

Le Pilastro est un quartier dortoir, tristement célèbre à Bologne, tout d’abord pour la situation de malaise social endémique et ensuite, pendant les années 1980, pour avoir été le théâtre de plusieurs meurtres, imputés à la bande de la « Uno bianca ». C’est un quartier populaire, où habite une population qui vit de petits boulots.
Lors de son affectation, Sarti Antonio est victime des préjugés sur ce quartier périphérique. Rosas, une autre constante des romans de Macchiavelli, a le rôle ingrat de conscience critique du sergent. Ce garçon bizarre aux lunettes épaisses est un étudiant engagé, un étudiant qui passe rarement ses examens tout en étant constamment plongé dans les livres. Il incite le sergent à aller au-delà des clichés et à se pencher avec objectivité sur la réalité de l’humanité qui habite au Pilastro.



Quant au contexte, le deuxième volet des enquêtes du sergente Sarti Antonio est aussi une occasion pour poursuivre les explorations de la Bologne des années 1970. Une ville emblématique d’une époque où les acquis sociaux semblaient ne pouvoir jamais reculer. « L’Émilie Romagne des années 1970 était le Chili d’Allende » (citation de Santiago Italia de Nanni Moretti). Une ville où les transports publics étaient gratuits, comme le précise l’auteur dans sa préface. Tout un symbole. Mais après les années 1970, la donne a changé.

Informations pratiques
  • Loriano Macchiavelli, Passé présent et après, traduit de l'italien par Laurent Lombard, Les édition du Chemin de fer, 19,50 €