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Publié le dimanche, 7 avril 2024 à 10h07

L’inventaire des nuages de Franco Faggiani. Nuances de blanc

Par Stefano Palombari

L’inventaire des nuages - couverture

Ce beau roman s’insère dans le sillon des « romans de montagne ». Dès les premières pages, j’ai tout de suite pensé aux Huit montagnes de Paolo Cognetti. La montagne est encombrante par définition. En tant qu’objet littéraire lorsqu’elle est présente, elle prend toute la place. Elle impose son rythme et ses lois. Des lois souvent dures et impitoyables.

L’inventaire des nuages est un roman de formation et d’émancipation. La Première Guerre mondiale vient tout juste de commencer, Giacomo est un jeune garçon destiné à perpétuer le travail de cavié. Orphelin de père, c’est son grand-père qui l’initie à ce travail particulier, mais très juteux. Il s’agit de récupérer des belles chevelures dont raffolent les perruquiers français. Le cavié se balade de village en village et de ferme en ferme, dans les vallées de montagne pour acheter les longues chevelures des femmes.

Derrière les deux hommes, se cachent Desideria et Lunetta, des présences discrètes et rassurantes. Une sorte de caisse de résonance des décisions de l’avus familiae. Desideria est la nouvelle compagne de l’ancêtre et Lunetta la maman de Giacomo. Au fil des années, l’emprise qu’exerce le grand-père sur le jeune garçon se fissure. Des rencontres importantes lui permettent un changement de perspective. Giacomo commence à douter. Après le rude hiver de l’inconscience explose soudainement le printemps.

L’inventaire des nuages est un roman délicat et bien écrit. L’évolution de Giacomo et de sa famille est le reflet des changements profonds provoqués dans la société par le premier conflit mondial. Notamment concernant le rôle de la femme. Desideria, mais surtout Lunetta, à la fin du roman quittent définitivement les rangs du chœur pour monter sur scène.

Informations pratiques
  • Franco Faggiani, L’inventaire des nuages, traduit de l'italien par Romane Lafore, Paulsen, 22 €