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Publié le mardi, 3 octobre 2023 à 10h56

L’Enlèvement de Marco Bellocchio. Le prêche du converti

Par Stefano Palombari

Une sène du film L’enlèvement de Marco Bellocchio

Edgardo Mortara est un jeune garçon de Bologne, âgé de 6 ans lorsqu’il est littéralement enlevé sur ordre du Pape par les gardes au solde de l’évêque de la ville. Il appartient à une famille juive et, sous le prétexte d’un présumé baptême secret, est converti de force au catholicisme. Nous sommes en plein « Risorgimento », période historique qui mène à l’unité de l’Italie et à la fin du pouvoir temporel du Pape. L’événement a fait grand bruit à l’époque des faits, même en dehors des frontières du pays, jusqu’aux États-Unis. Puis, petit à petit, il s’est effacé, enveloppé dans les brouillards de l’oubli.

Depuis quelques années, l’histoire tragique du garçon juif est retournée sur le devant de la scène notamment grâce à deux livres : L'incroyable destin d'Edgardo Mortara de David Kertzer et Il caso Mortara de Daniele Scalise. Les deux ouvrages ont inspiré Marco Bellocchio pour son film L’Enlèvement (Rapito).

Bellocchio choisit de ne pas choisir. Même s’il montre toute la violence subie par le jeune garçon et sa famille, le film n’est pas un réquisitoire contre l’église. Le réalisateur place sa caméra dans la position inconfortable du doute. Les personnages, forts de leur complexité, de leurs zones d’ombre, révèlent une profonde humanité. Coincés dans leur rôle, ils sont tous victimes de l’espace incompressible entre leurs sentiments profonds et inavoués et la réelle possibilité de choisir et d’agir.

Le film de Bellocchio, qui retrace l’histoire d’Edgardo de son enlèvement jusqu’à la mort de sa mère, frappe par sa réalisation impeccable. La reconstruction des villes de Bologne et de Rome à l’époque des faits sont d’un réalisme impressionnant. Tout est très soigné. Le travail particulier sur les couleurs et les clair-obscurs donne l’impression au spectateur d’être aspiré dans un tableau de l’époque pré-impressionniste. Et les acteurs sont tous d’une justesse exemplaire dans leur rôle respectif. Y compris le jeune Enea Sala qui incarne Edgardo enfant.

Informations pratiques
  • Au cinéma dès le 1er novembre 2023

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