Le Toutamoi, roman de Andrea Camilleri

Par Stefano Palombari

Arianna est une femme magnifique d'une trentaine d'années. Une femme-enfant, naïve et capricieuse qui rachète ainsi les années perdues d'une enfance marquée par la perte de ses parents, et une vie rude à la campagne avec sa grand-mère et le compagnon de celle-ci.

Sa vie se déroule, pour ainsi dire, à reculons. Une fois adulte, Arianna peut enfin vivre avec légèreté. Ses jours se suivent dans une sorte de jeu perpétuel. Inconsciente des répercussions de ses actes, elle trouve toujours des hommes plus âgés pour la mettre à l'abri des déconvenues de l'existence.

Le dernier en date est Giulio, un homme riche et respecté. Dans un cadre de paisibilité bourgeoise, le couple s'adonne à des pratiques étranges, qui, si elles étaient découvertes, seraient inconcevables et scandaleuses pour la bonne société sicilienne. Une double vie faite de rencontres clandestines bien cachées.

Parmi les lubies enfantines d'Arianna, le toutamoi, une cachette rigoureusement interdite aux autres joue un rôle important. Une fois à l'intérieur, une imagination puérile et débordante s'empare d'elle. Ses poupées s'animent et deviennent ses confidentes, une tête de veau garde l'entrée. Le toutamoi est le seul fil rouge qui relie l'Arianna adulte à son enfance douloureuse.

Andrea Camilleri est comme un grand crû. Il y a des années meilleures que d'autres mais le plaisir de la lecture est toujours au rendez-vous. Même quand Montalbano est absent, l'auteur sicilien réussit à tenir constamment le lecteur en haleine.