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Publié le mercredi, 9 octobre 2019 à 12h11

Le Cheval des Sforza (La mesure de l’homme) de Marco Malvaldi

Par Stefano Palombari

Le Cheval des Sforza - couverture

Un polar à l’époque de Léonard de Vinci, avec le génie de la Renaissance dans le rôle d’enquêteur ? il fallait oser. Marco Malvaldi l’a fait. Pour les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, l’écrivain, toscan lui aussi, a décidé de changer de décor. Dans La misura dell’uomo (la mesure de l’homme) Un meurtre a lieu à Milan pendant la période où l’artiste et inventeur s’y trouve. En français le livre s’intitule Le Cheval des Sforza, choix franchement incompréhensible. La misura dell’uomo « la mesure de l’homme » évoque avec finesse, élégance et une pointe de mystère la complexité de l’intrigue. Ce qui se perd totalement dans la banalité du Cheval des Sforza.

Milan 1493 Ludovic Sforza dit « Il Moro », duc de Bari et... « de Milan », règne illégitimement sur la ville. Ludovic, homme d’armes et condottiere s’est emparé du pouvoir à Milan par le biais d’intrigues et de trahisons.
Malgré ce péché originel, il se révèle un grand mécène. Il appelle à Milan, entre autres, Léonard de Vinci, qui vit avec Caterina, sa mère. Léonard doit réaliser une statue équestre en l’honneur du père de Ludovic, Francesco Sforza. D’où le titre français...

Au mois d’octobre 1493, un cadavre est retrouvé devant le Castello Sforzesco, là où réside le duc. L’astrologue attitré du duc parle d’une maladie mystérieuse (les astres ne mentent pas). Leonardo, en revanche déclare que le mort a été tué en lui comprimant le thorax, technique qui ne laisse pas de traces apparentes.

L’intrigue est très bien conçue, rendue par un style maîtrisé à la perfection. Il ne s’agit pas d’un roman historique classique. L’auteur se permet d’intervenir souvent avec humour pour expliquer la situation dans un registre moderne et ironique qui contraste avec le style volontairement pompeux de certains passages. Ces incursions ont pour effet d’alléger la lecture et de rendre finalement l’ensemble très dynamique et souvent drôle.

Le personnage de Leonardo est touchant, constamment perdu dans ses pensées et ses calculs, il vit dans une autre dimension. Une attitude qui ne compromet pas son sens aigu de l’observation. Le Leonardo enquêteur saisit avec génialité, les liens, y compris les plus ténus et subtils, entre chaque événement. En partant justement de la forme, la « mesure », de l’homme où toutes les proportions montrent un équilibre surprenant, il résout brillamment le cas avec sa logique inflexible.

Informations pratiques

Marco Malvaldi, Le Cheval des Sforza, Seuil, 21 €
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