Publié le mardi, 25 août 2020 à 10h37
La liberté au pied des oliviers, Rosa Ventrella
Après Une Famille comme il faut, Rosa Ventrella revient avec un second roman, composante de sa fresque familiale. Les Pouilles, années 40, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Le village des deux jeunes sœurs, la discrète et timide Teresa, et l’exubérante et jolie Angelina, voit ses hommes partir pour la guerre. Seules les femmes restent au village. Pour survivre, leur mère Caterina s’oblige à fréquenter le riche notable des terres. Le comportement et la beauté de la mère, dont Angelina hérite, vont animer la malalegna, médisance incessante des femmes du village, jusqu’à causer souffrance et perte inévitables.
Le livre nous plonge dans l’Italie du Sud, âpre et rurale, théâtre des luttes agricoles et injustices sociales. Les terres sont contrôlées par le baron Personè, ennemi des paysans du village. Ce quotidien difficile et douloureux est raconté du point de vue des deux sœurs.
Le roman est effet construit sur un long flashback avec une narration à la première personne. Teresa, désormais adulte, se souvient de son enfance dans la campagne des Pouilles. Sa mémoire est réveillée par une photo de famille et la visite de son père mourant.
Ce souvenir laisse une grande place à la description de la malalegna, assimilée à une maladie. La souffrance qu’elle a causée est encore prégnante : « La honte, comme la médisance, était partout. Elle transperçait la peau, elle laissait des cicatrices qui parfois se rouvraient, comme des escargots qui sortent après l’orage. »
La malalegna est le fil rouge du souvenir : malgré elle, les deux sœurs, Teresa et Angelina se construisent peu à peu, d’enfant à jeune femme. En ce sens, La liberté au pied des oliviers est un roman d’apprentissage féminin, tout comme l’était Une Famille comme il faut pour la narratrice-personnage, Maria. Deux références féminines se confondent : la femme pécheresse, renvoyant à Eve et la femme Madone.
Ce texte plonge le lecteur au cœur des Pouilles rurales : on regrettera cependant que la traduction française ait fait disparaître le dialecte, présent dans le texte original. La liberté au pied des oliviers est un joli texte, agréable à lire pour qui aime les romans d’histoires de femmes et de famille.
Informations pratiques
Rosa Ventrella, La liberté au pied des oliviers, traduit de l’italien par Anaïs Bouteille- Bokobza., Éditions Les Escales.