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Publié le mercredi, 10 janvier 2024 à 09h40

La grande A de Giulia Caminito. A comme... attente

Par Stefano Palombari

La grande A de Giulia Caminito - couverture

Au début et à la fin de ce roman, Giadina se trouve au même endroit. Entre ces deux moments, plein de choses se passent. Il y a surtout « La grande A ». Comme une parabole, le lieu du départ et d’arrivée se situe sur la même abscisse avec un écart sur l’autre coordonnée, celle du temps, de 20 ans.

Giada, dite Giadina, à cause de sa petite taille, attend sa mère. L’adolescente vit chez sa tante, avec l’oncle, la cousine et la mémé, pas la sienne, à Legnano, près de Milan. Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Le fascisme vit ses dernières années. Les bombardements sont fréquents. Le quotidien est fait de froid, de peur et de privations.

Giada se sent une intruse. Sa présence est à peine tolérée. La famille d’accueil ne rate pas une occasion pour l’humilier. Mais la jeune fille vit dans l’attente de sa mère partie avec son nouveau compagnon dans « la grande A », où Mussolini voulait que l’Italie ait sa « place au soleil ». C’est l’attente qui donne du courage et permet de tenir.

La grande A est un roman d’apprentissage qui regorge d’images poétiques, de personnages insolites et fantasques. Giada est une adolescente touchante, craintive qui se métamorphose. C’est « La grande A » qui accomplit ce miracle. Le style de l’auteure suit ce parcours initiatique. Dans les premières pages, la jeunesse de la protagoniste pousse l’autrice à employer un langage plus imaginatif et fantaisiste qui laisse la place ensuite, lorsque la femme éclot, à un registre plus mur et tranchant.

Informations pratiques

Giulia Caminito, La grande A, traduit de l'italien par Laura Brignon, Gallmeister, 23,50€