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Publié le jeudi, 5 janvier 2023 à 09h37

La Faute, nouveau roman d'Alessandro Piperno. Identités plurielles

Par Stefano Palombari

ILa Faute d'Alessandro Piperno - couverture

Qui a dit qu’un écrivain doit publier un roman par an ? La « production » de romans à la chaîne est un véritable fléau. Des périodes de forte créativité, d’inspiration, laissent souvent la place à d’autres moins fécondes. Alessandro Piperno a donc laissé s’écouler cinq ans avant de publier La Faute (Di chi è la colpa) qui sort en librairie aujourd’hui même. Et le résultat vaut l’attente.

Avec La Faute l’écrivain romain renoue avec les questionnements de son premier roman, Avec les pires intentions, celui de son entrée fracassante sur la scène littéraire. Mais ici les questionnements sont plus poussés, plus aboutis, plus mûrs. Le narrateur n’est pas celui qu’il croit être. A l’adolescence, il se découvre soudainement une seconde identité.

Le livre s’ouvre sur son enfance. Une enfance somme toute heureuse bien que tachée par des privations dues aux échecs de son paternel. Un idole qui s’effrite avec les effets économiques de ses déboires. Suit l’adolescence avec son lot de bouleversements. La découverte d’une nouvelle famille et de la sexualité. Dans les dernières pages du roman, plusieurs années se sont écoulées. Le protagoniste, cinquantenaire, retrouve son premier amour lors d’un enterrement. Il se rend compte soudainement que l’existence bourgeoise qu’il a menée depuis l’adolescence l’a détourné de l’essentiel.

Mais revenons au titre : La Faute. Quelle faute ? Dans le roman il y en a plusieurs. Celle du narrateur mais aussi celle de sa mère et de son père. Sans oublier la faute des autres membres de sa famille ainsi que de son entourage. On est toujours fautif de quelque chose ou du moins on ressent une responsabilité qui n’est peut-être pas la nôtre.

Le « je narrant » qui semble coïncider, du moins partiellement, avec le « je écrivant », découvre à l’adolescence sa deuxième identité. Par la faute (la première) d’une mère particulièrement silencieuse sur son passé, l’épiphanie de ses origines ne se fait que tardivement. Happé par sa nouvelle famille, le jeune homme changera totalement de vie et de statut social au point d’oublier ou de refouler les protagonistes de ses premières années d’existence (peut-être la faute la plus insidieuse et la plus grave).

Comme tout grand écrivain, Alessandro Piperno cache une pléthore d’éléments de réflexion dans une enveloppe d’une grande finesse littéraire. Un roman remarquable qui se lit avec un plaisir renouvelé à chaque page.

Informations pratiques
  • Alessandro Piperno, La Faute, traduit de l'italien par Fanchita Gonzalez Battle, Liana Levi, 24 €