La douleur fait naître l’hiver de Matteo Porru – Neige éternelle

Par Murielle Hervé-Morier

Imaginez un endroit recouvert de neige tous les jours que Dieu fait. Vous êtes à Jievnibirsk où les flocons sont sans cesse en représentation. Ici, toute l’année tombe la neige, lente et insaisissable. C’est aussi là le territoire de prédilection du vieil Elia Legasov, déneigeur de profession. Dans cette immensité aussi immuable qu’immaculé, notre protagoniste accomplit inlassablement son devoir et sa peine avec la même résignation que Sisyphe.

Les jours se suivent incolores et monotones au point de perdre la notion du temps. De la mémoire également, car cette pellicule blanche finit par tout figer dans le silence et l’oubli. Un arrêt sur image monochrome. Jusqu’à ce que soient mis au jour des secrets trop bien enfouis. Ainsi un événement va-t-il soudain bousculer cette routine et rompre l’isolement d’Elia avec l’arrivée d’un groupe de géologues étrangers mus par l’appât du gain. Cette contrée reculée recélerait en effet du pétrole. L’histoire prend alors un tournant décisif pour distiller son suspense jusqu’au dénouement.

La douleur fait naître l’hiver est le premier roman publié en France du jeune auteur italien né en 2001, qui compte déjà bon nombre d’écrits remarqués dans sa bibliographie. Au fil d’une plume maîtrisée, Matteo Porru nous transporte dans une atmosphère enveloppante, voire oppressante, pour nous offrir une plongée dans les non-dits sur fond de secrets de famille. Saisissant.