Archives Livres

Publié le jeudi, 9 mars 2023 à 09h51

La dernière fois que nous avons été des enfants de Fabio Bartolomei. La guerre à 10 ans

Par Murielle Hervé-Morier

Ils y ont cru - couverture

L’histoire plante son décor pendant la Seconde Guerre mondiale. Italo, Cosimo, Vanda et Riccardo ont 10 ans en octobre 1943 quand les Allemands occupent Rome. Unis comme les quatre doigts d’une même main, les enfants ont aussi l’âge où le présent est éternel.

Pur produit du régime fasciste, Italo est un jeune balilla qui prend son rôle très au sérieux d’autant que son frère Vittorio est un héros de guerre. « L’emmerdeur » de père de Cosimo a été arrêté par les Chemises noires dès le début de la guerre et ce dernier, orphelin de mère, grandit avec son jeune frère Sebastiano auprès d’un grand-père irascible à la main leste.
Quant à Vanda, c’est une orpheline qu’une religieuse au grand cœur, sœur Agnese, a pris sous son aile protectrice.

Les quatre compères ont coutume d’aller s’amuser dans une grande cour d’immeuble. Mais un jour, Riccardo, qui vit dans le ghetto avec sa famille, ne se présente pas au lieu habituel de leurs rendez-vous. Après renseignements, il s’avère que Riccardo a été mis dans un train par les Allemands vers un camp indéterminé. Ses compagnons sont persuadés qu’il y a méprise : les Allemands doivent donc le libérer. Armés d’une détermination aussi soudaine qu’irréfléchie, Italo, Cosimo et Vanda entreprennent de retrouver leur ami. Ils vont marcher en direction du nord, ou ce qui leur apparaît comme tel. Avec pour unique boussole le dessin du camp où celui-ci a été emmené. Une épopée semée d’embûches qui marquera les esprits à tout jamais.

Le récit se déroule sur une dizaine de jours. En plus d’endurer la faim et de braver mille périls, les enfants vont découvrir le monde des adultes qui s’avère inintelligible pour eux.
Dans sa construction, à partir de la disparition de Riccardo, le récit alterne les chapitres qui décrivent le quotidien des enfants livrés à eux-mêmes pendant leur fugue et l’inquiétude du frère d’Italo, Vittorio, et de sœur Agnese, partis à leur recherche.
On chemine aux côtés de chacun pendant cette équipée marquée par les épreuves, un périple par moments traversé par la grâce comme la vision d’un magnifique champ fleuri qui inspire tant de joie. La perfection de la création offre ici sa plus belle réplique face à la cruauté des hommes.

Fabio Bartolomei évoque l’enfance qui ouvre grand le chemin des possibles. Comme l’indique le titre, il y a toujours un « après ». L’insouciance meurt un jour et les enfants grandissent ; la roue tourne et sonne immanquablement l’heure de regarder en arrière. La dernière fois que nous avons été des enfants raconte une histoire émouvante à la fois sombre et lumineuse qui répond à la lancinante question : Que reste-t-il de l’enfance quand arrive l’« après » ?

Informations pratiques
  • Fabio Bartolomei, La dernière fois que nous avons été des enfants (L’ulitma volta che siamo stati bambini), traduit de l’italien par Léa Drouet, Mercure de France, 21,80 €