Archives Livres

Publié le mercredi, 29 août 2012 à 09h40

Inséparables, nouveau roman d'Alessandro Piperno

Par Stefano Palombari

Alessandro Piperno est un écrivain surprenant. Inséparables, son dernier roman, confirme que l’auteur romain aime bien les surprises. Un lecteur qui aurait résisté à la curiosité de lire la quatrième de couverture, plongé dans sa lecture, ne se doute pas au début qu’en réalité Inséparables est en quelque sorte la suite de Persécution, sorti l’année dernière. Il est vrai qu’on a tout de suite une sensation de déjà-vu. Sensation qui se renforce au cours de la lecture.

Jusqu’au moment où l’auteur même fait le lien avec son roman précédent. Post factum, on se rend compte qu’il s’agit là d’un choix presque obligé. La dernière page de Persécution achevée, le lecteur restait quand même avec un goût très amer dans la bouche, saisi par un puissant sentiment d’intolérable injustice. Sensation amplifiée par le « feu ami » de l’indifférence, qui frôle le cynisme effrayant. Au point de nous pousser à regarder nos proches avec méfiance et une sorte de blâme préventif.

C’est presque une réparation que nous offre ici Piperno. Tenter d’expliquer l’incompréhensible. Vingt-cinq ans se sont écoulés. Les deux frères Pontecorvo ont vécu depuis et se sont « reconstruits » de manière différente, presque opposée. Mais à tant d’années de distance, ils n’ont toujours pas surmonté le traumatisme. La cure du silence imposée par Rachel, leur mère, ne permet pas de guérir ni d’oublier.

C’est Samuel, Semi, le plus jeune, qui en a gardé le plus de séquelles. Inséparables, c’est son récit, nous avoue l’auteur à la fin. Dans la famille Pontecorvo, Léo n’a pas simplement cessé d’exister mais c’est comme s’il n’avait jamais existé. Un nom totalement proscrit, comme si Filippo et Semi n’avaient jamais eu de père.

A l’instar de Persécution, Piperno fait preuve de tout son talent. Le plaisir du texte est dopé par des nombreuses petites considérations très justes, des petites perles enrobées d’une couche d’ironie grinçante et caustique. Les deux frères sont « Inséparables » mais ils ne se comprennent pas. Et ils ne comprennent pas leur mère.

Comprendre est un acte volontaire. Il faut le vouloir. On doit saisir la totalité de l’autre et de sa pensée pour qu’il y ait compréhension. Mais cela implique une remise en question qui peut s’avérer dangereuse. Lors du grand déballage final ils ont beau tous argumenter en faisant appel au plus fin art oratoire…. C’est l’incompréhension déesse tutélaire du statu quo qui triomphe.

Informations pratiques
Inséparables
Auteur : Alessandro Piperno
Éditeur : Liana Levi
Traducteur : Fanchita Gonzalez Battle
Prix : 22,50 €
Parution : 30 août 2012

pour acheter avec réduction sur FNAC.com

Inséparables - couverture
Liana Levi, 22,50 €