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Publié le mercredi, 19 août 2020 à 17h10

Il Medico della mutua avec Alberto Sordi en copie restaurée

Par Valérie Mochi

Alberto Sordi dans une scène de Il Medico della mutua

Le choc visuel de la restauration du film Il Medico della Mutua, c’est la découverte de la couleur des yeux d’Alberto Sordi, un bleu profond, gris bleu, une couleur particulière que Fellini avait déjà remarqué. Il les qualifie de « sbiadito » en français bleu délavé lors de l’évocation d’un souvenir d’avant tournage du Cheik Blanc (Lo Sceicco Bianco)*.

Les images du célébrissime acteur qui reviennent à l’esprit sont souvent en noir et blanc, il a commencé sa carrière cinématographique dans les années 30, et c’est Fellini qui lui apporte la reconnaissance du public avec Le Cheik Blanc et I Vitelloni près de vingt ans plus tard, toujours en noir et blanc.

Son rôle de personnage nonchalant et veule dans les Vitelloni lui collera à la peau, et quand Luigi Zampa, le réalisateur du Medico della Mutua, fait d’A. Sordi un expert dans l’art de la débrouille, l’Arte di Arrangiarsi en 1955, la popularité d’Albertone (surnom affectueux que lui donnent ses compatriotes) est à son comble. Alberto S. est l’archétype de l’Italien moyen de l’après guerre, menteur, fanfaron, monstre, gouailleur, mais jovial, plein de bonhomie, il provoque l’empathie du public qui se reconnaît en lui. Son sens du comique est inédit, novateur, il devient une star nationale et internationale.

Répliques célèbres et scènes cultes (la scène des maccheroni dans un Americano a Roma), il est l’équivalent d’un De Funès pour les Français dans un registre différent. Leur parcours est comparable, tous les deux ont du mal à s’imposer à leurs débuts, après des années de music hall, de théâtre, de rôles minuscules au cinéma, tous les deux quasi contemporainement finissent par prendre le contrôle de leurs rôles et leur popularité devient exponentielle.

Mais qui se souvient de la couleur des yeux de De Funès ? Réponse à la Cinémathèque qui consacre une grande exposition au plus populaire des comiques français.
En dehors de leurs yeux bleus et de leur succès, ce qui rassemble les deux acteurs, c’est leur sens du rythme, leur capacité à prendre possession de leurs personnages à se les approprier entièrement, autant créateurs qu’interprètes ils sont des bourreaux de travail, acteurs complets, chanteurs, danseurs, ils n’ont qu’une passion, leur métier, la comédie.

C’est la popularité du grand Alberto (Albertone) qui permet à Luigi Zampa de dénoncer le système de santé italien de l’époque avec Il Medico della Mutua. Sordi fait passer bien des monstruosités dans son rôle de médecin peu recommandable, le docteur Guido Tersilli, la critique devient encore plus féroce et drôle.

Tersilli un jeune médecin qui plait aux femmes est pourvu d’une mère possessive, ambitieuse et sans scrupule, et d’une fiancée effacée mais prête à lui financer l’ouverture de son cabinet. Après un brillant exposé de la mère, avec chiffres à l’appui, sur la situation du système de santé italien de l’époque, il est conclu qu’il sera médecin traitant pour devenir riche et la consoler de tous les sacrifices qu’elle a dû faire pour lui financer ses études : il sera le médecin traitant du plus grand nombre de patients possibles inscrits à la Mutua. Pour eux les soins sont gratuits et le médecin est rétribué par l’état.

C’est donc la course aux patients pour Guido, sa mère et sa fiancée. Elles n’hésitent pas à organiser sa publicité mensongère dans tout le quartier, comme il n’hésite pas à séduire la femme d’un médecin mourant pour hériter de sa longue liste de patients. Sa mère le conseille et ne le lâche pas d’une semelle, il doit réussir et tous les moyens sont bons, lui même ne reculant devant aucune bassesse.

Comédie grinçante et dénonciatrice d’un système de santé corrompu, Il Medico della Mutua sera un énorme succès au box office à tel point que dès l’année suivante le numéro 2 sera produit Il prof. dott. Guido Tersilli primario della clinica Villa Celeste convenzionata con le mutue, de Luciano Salce toujours avec Alberto Sordi comme acteur et scénariste.

Cette année en Italie on fête le centenaire de la naissance d’Alberto Sordi au cinéma et à la télévision, expositions, conférences pour tout savoir sur l’un des acteurs les plus célèbres d’Italie.

  • FELLINI : « Mi ricordo che un giorno andai a trovare Giulietta sul posto di un filmetto che stavano girando fuori Roma. C’era anche Alberto, vestito da soldato, che faceva parte del cast degli attori. Mi ricordo che si mangiava sotto gli alberi, era d’estate, una colazione coi panini, c’erano le cicale. Alberto stava seduto per terra, io mi alzai per andare via. “Addio Alberto”. “Vai già via? Addio Federì.” Poi disse: “L’hai trovati gli attori per il film?” e io quasi seccato: “No, non li ho ancora trovati.” Allora lui tirò su quegli occhi chiari e con grande semplicità, con quegli occhi sbiaditi, disse: “Perché non me lo fai fare a me, Federì? Lo sai che te lo farei bene!” Non lo disse da questuante, ma lo disse in tono serio, senza presunzione, come se fosse già disposto ad essere scartato. Era consapevole d’essere bravo, ma con molta umiltà. Questo suo atteggiamento mi colpì, ci pensai dopo e mi smosse dentro qualcosa. Allora decisi di fargli il provino. Mi ricordo che già nel provino era straordinario
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