Histoire des Beati Paoli de Luigi Natoli

Par Stefano Palombari

L'Histoire des Beati Paoli est un ouvrage publié par Luigi Natoli en 1909. Il relate des événements encourus en Sicile au début du XVIIIème siècle. C'est en quelque sorte la version sicilienne des Fiancés (I Promessi sposi).

Comme dans le texte de Manzoni, tout naît d'une injustice. Don Raimondo della Motta, à la disparition de son frère aîné le Duc Emanuele Albamonte, mort en tentant d’échapper aux Sarrasins, décide de faire assassiner sa belle sœur et son neveu de quelques jours. Sauf que, grâce à la ténacité d'Andrea, le valet d'Emanuele Albamonte, son plan se fissure. Le petit survit et est élevé par la famille du « rationnel » Don Girolamo Ammirata.

Le jeune Emanuele grandit dans l'ignorance de ses origines même si son caractère bien trempé, qui lui a déjà causé pas mal d'ennuis, témoigne d'un sang noble. Il a croisé plusieurs fois la route de Don Raimondo qui n'a pas hésité à le faire fouetter et à le faire emprisonner à cause de son insolence.

Un autre personnage de cette saga baroque maltraité par le sort est l'attachant et romantique chevalier Blasco de Catiglione, qui n'est rien d'autre que le fils naturel d'Emanuele Albamonte, célèbre pour son libertinage. Naturellement, lui aussi ignore ses origines, qu'il n’apprendra que sur la fin du premier tome.

La puissance de Don Raimondo semble ne pas avoir de limites. La justice n'a aucune chance d'être rendue aux malheureux protagonistes de cette histoire. Tout semble donc joué d'avance… si les Beati Paoli ne veillaient pas à réparer les torts. Une secte ? Une sorte de franc-maçonnerie ? Ou bien l’ancêtre de Cosa nostra, la mafia sicilienne ? Un peu tout ceci à la fois.

L'ouvrage de Natoli, qui avait décidé d'utiliser le pseudonyme de William Galt - comme bien plus tard les protagonistes des Spaghetti Western - est une fresque passionnante de la société sicilienne à cheval sur les XVIIème et XIIIème siècles. Entre l’éphémère prise de pouvoir des Savoie, avec les ravages de leur gestion myope (évident clin d’œil à l' « annexion » du sud de l'Italie au règne du Piémont un siècle et demi plus tard) et le retour des Espagnols. Malgré sa longueur (elle fait environ 2500 pages divisés en trois tomes) la lecture de ce livre est un grand plaisir.

La version française reprend l'édition italienne de 1990 ce qui est un peu étonnant vu que l'éditeur sicilien Sellerio, vient de reproposer l'ouvrage aux lecteurs transalpins dans une nouvelle édition avec un apparat critique particulièrement intéressant.