Publié le dimanche, 13 juillet 2014 à 09h38
Ne me dis pas que tu as peur de Giuseppe Catozzella
Il faudrait rendre la lecture de ce livre obligatoire au collège et au lycée. Ce serait un excellent antidote aux idées xénophobes de plus en plus assumées, « libérées »... La complexité de la réalité est constamment violée par la parole dé-complexée, donc banalisée. C'est d'ailleurs l'un des devoirs de la littérature : Tenter de restituer la réalité dans son intégralité. L'histoire de la jeune Saamiya devient donc l'emblème de milliers d'autres destins semblables.
Ne me dit pas que tu as peur est un roman gai et tragique. C'est l'histoire vraie de Saamiya, jeune sprinteuse somalienne, contrainte, après avoir participé aux jeux olympiques de Pékin, d'entreprendre le « Voyage ». Le chemin de croix vers la possibilité d'avoir de l'espoir. L'auteur a mené un travail de bénédictin, auprès de tous ceux qui l'ont côtoyée, pour pouvoir se glisser dans la peau de la jeune fille pendant quatorze ans.
Saamya avait la course dans le sang. Dès l'âge de huit ans, elle savait qu'elle serait une championne. Malheureusement, le Mogadiscio des années 2000 ne permet pas l'épanouissement des enfants, d'autant plus s'il s'agit de filles. La montée des mouvements intégristes, la guerre civile, rendent l'avenir de Saamiya très incertain. Elle perd tout espoir.
Catozzella manie sa plume avec une rare habileté et voici que le lecteur se retrouve à vibrer avec son héroïne. Ne me dis pas que tu as peur est un livre à lire absolument mais surtout à offrir sans modération. Ça s'apparente à un acte civique.
Le jeune écrivain milanais n'est pas à son coup d'essai. Sa précédente publication, Alveare, livre passionnant et très bien conçu sur l'infiltration de la 'ndragheta, la mafia calabraise, dans le « Milanais », paru en Italie il y a trois ans, n'avait malheureusement pas trouvé preneur parmi les éditeurs français.