Fille de cendre – Commissaire Teresa Battaglia tome 4 sur 4 de Ilaria Tuti. Mémoire fragmentée

Par Murielle Hervé-Morier

Pour élucider une nouvelle énigme, la brillante commissaire Teresa Battaglia, qui est en mesure de déterminer le profil psychologique des criminels, devra sonder la psyché et les pulsions du tueur en série Giacomo Mainardi, spécialiste des meurtres à la mise en scène macabre. En effet, celui-ci use d’un mode opératoire empreint d’une certaine sophistication qui fascinera les esthètes de l’horreur… C’est précisément avec lui que Teresa aura affaire, lui, qu’elle avait traqué par le passé. Ce dernier a en effet des informations capitales à lui communiquer sur une affaire en cours. Et ne veut parler qu’à elle. Or, Teresa doit composer avec un Alzheimer qui ne cesse de progresser.

Une ambiance Silence des Agneaux filtre des lignes d’un récit qui, sous couvert d’intrigue policière, dresse un saisissant portrait de femme. Teresa Battaglia (la bien nommée) a en effet dû se battre sur tous les fronts, tant privé que professionnel, pour surmonter le machisme triomphant. Une femme combative et passionnée donc. Mais une femme au passé incandescent… capable selon toute apparence de s’incendier sans flammes. Désormais aux prises avec une irréversible maladie neurologique, elle devra lutter contre sa déperdition physique pour boucler son enquête.

Grâce à des allers et retours permanents entre aujourd’hui et ce qui est arrivé vingt-sept ans plus tôt, le récit éclaire le lecteur sur un itinéraire cabossé. De terribles événements ont en effet frappé Teresa, elle qui aura été « fracassée par les mains d’un homme » ; un homme pourtant censé lui apporter un soutien indéfectible puisqu’il s’agissait de son ex conjoint. Des « mains violentes qui l’ont façonnée pour qu’elle devienne ce qu’elle se préparait à être. » Un suspense haletant nous fait donc nous interroger : quel étrange pacte peut bien la lier à Mainardi ? Comme le phénix, la policière vivra-t-elle une nouvelle naissance ou se consumera-t-elle à tout jamais quand sonnera l’heure de vérité ?

Cette histoire renvoie également à des scènes se déroulant au IVe siècle à Aquilée, dans la région du Frioul-Vénétie Julienne, un lieu qui a exercé une grande influence sur le développement de la religion chrétienne et dont les mosaïques ont fait forte impression sur l’esprit tordu du tueur…