Escales & Scale. L’Italie de marches en marches

Par Stefano Palombari

Ce petit bouquin mince – il ne fait pas cent pages – et élégant, me fait penser à une habitation génoise : austère à l’extérieur, riche à l’intérieur. Mathieu Oui, journaliste et photographe passionné d’Italie, décide de se lancer dans un périple en train et en solitaire tout le long de la côte italienne de l’Adriatique à la Mer Tyrrhénienne. Nous sommes dans le « monde d’avant ». La pandémie n’a pas encore transformé nos habitudes.

« Faire le tour de péninsule par le train, c’est (…) s’offrir un voyage en contemplant en permanence le bord de mer, sur plus de 4000 kilomètres. C’est la possibilité d’une baignade à chaque escale. »

La nuit venue, pour le gîte, c’est la débrouille. Des auberges, des petits hôtels ou bien chez l’habitant quand c’est possible. Ce qui permet à l’auteur une immersion dans la vraie vie des lieux où il décide de s’arrêter. Mais aussi de pouvoir profiter des bons plans de ses hôtes. Mathieu est friand d’anecdotes, de lieux insolites immaculés de tout soupçon touristique mais surtout d’escaliers. Eh oui. Les escaliers, dans toutes leurs formes, passionnent le voyageur au point de concentrer toute son attention sur cette forme architecturale particulière.

Scale, scalinate, gradini… « gravir ou descendre des marches revient à accomplir un minuscule voyage dans ce grand périple. (…) L’escalier représente aussi la promesse d’un point de vue surélevé, la possibilité d’un panorama ». Son appareil photo comme fidèle compagnon de voyage et témoin de ses rencontres avec ces « sculptures architectoniques ».

L’ouvrage que Mathieu Oui a écrit et publié au terme de ses six semaines de voyage – de Trieste à Turin – est surprenant. Ce n’est pas un livre de photos, même si une vingtaine de clichés en noir et blanc, particulièrement suggestifs, ouvrent la publication. Mais ils ne sont là que pour accompagner son récit qui, bien que relégué à la fin du livre, est le noyau de cette opération éditoriale. Il faut lire d’abord et regarder après.