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Publié le mardi, 25 avril 2023 à 09h48

Dictionnaire amoureux de la Toscane par Adrien Goetz. Un regard sans concession

Par Murielle Hervé-Morier

Dictionnaire amoureux de la Toscane - couverture

Chaque Toscan porte en lui un dictionnaire amoureux. Il y a en effet de quoi tirer vanité de cette région. Dante n’est-il pas un héros national, pilier de l’unification linguistique ? Oui, mais les Italiens sont taquins et, par un juste retour des choses, un mot est passé dans le langage courant pour railler ceux qui crânent un peu trop : toscaneggiare.

De plus, il colle à la Toscane une réputation de carte postale (cartolina pour les puristes) et, il faut le reconnaître, le cliché exerce toujours sur les rêveurs son fascinant pouvoir d’attraction. Du reste, ce n’est ni le soleil de plomb estival ni les hordes de touristes qui dissuadent le monde de fouler tant de lieux empreints de beauté et de culture. Quitte à se fondre à son tour dans le troupeau, car la luminosité particulière des ciels toscans est irrésistible pour tous les inconditionnels de paysages exceptionnels.

À en juger par la prolifération des guides de voyages sur la Toscane, celle-ci est d’ailleurs loin d’avoir livré tous ses secrets. Dans ce dictionnaire, Adrien Goetz regarde la patrie de Léonard de Vinci et de Michel-Ange avec d’autres yeux. Même si l’auteur, historien de l’art et membre de l’Institut, domine son sujet mieux que bien et aborde une foultitude de thèmes, son approche restera forcément partielle, tant le sujet est vaste. Et, comme l’indique son titre, l’ouvrage s’avère un brin partial aussi, parce que le regard « amoureux » qu’Adrien Goetz porte sur ce morceau d’Italie se veut également subjectif. Cet ouvrage érudit propose donc de découvrir la Toscane de A à Z et se compulse comme un dictionnaire (c’est même sa fonction première) mais ce dernier n’a aucune vocation encyclopédique. Il oriente juste l’utilisateur qui cherche à approfondir certaines connaissances et c’est avec joie qu’il visitera tous ces musées et monuments et cheminera dans ces parcs et jardins ouverts aux visiteurs. Musée des Offices… Duomo de Florence et de Sienne… Palazzo Pubblico de Sienne, Palazzo Vecchio de Florence… La Toscane n’a sûrement pas le monopole des intrigues de palais et autres secrets d’alcôve mais on suivra tout de même avidement les traces d’illustres figures qui ont marqué l’Histoire.

On se doute que l’amour a aussi une face cachée et Adrien Goetz est humain après tout, il peut donc pécher par snobisme quand il pose des yeux dédaigneux sur le carnaval de Viareggio, en se demandant s’il ne s’agit pas là de la fête la plus vulgaire d’Italie. Quant au calcio storico fiorentino, ce curieux jeu de gladiateurs modernes aussi absurde que prétendument viril, mélangeant football, rugby et lutte, il en laissera certains dubitatifs. Notre cicérone nous invite aussi à sortir des sentiers mille fois rebattus par la multitude, déconseillant ainsi la Casa di Dante, qui se trouve à Florence, entre le Duomo et le Palazzo Vecchio. « La légende dit que c’est là que le poète serait né, aucune archive ne l’atteste. Le bâtiment abrite aujourd’hui le Museo di Dante sans grand intérêt… »

Enfin, à force de trop admirer la beauté, une halte s’impose à Pontedera, la ville la plus laide de Toscane, selon lui. Riche en anecdotes personnelles et ponctué d’extraits d’œuvres d’écrivains, on comprend en feuilletant ce dictionnaire amoureux que la Toscane n’a pas fini d’attirer les foules comme un aimant. Au grand public maintenant d’y trouver son compte.

Informations pratiques
  • Adrien Goetz, Dictionnaire amoureux de la Toscane, Éditions Plon, 26,50 €