Publié le mardi, 27 février 2018 à 09h30
Dans l’utérus du volcan, roman d'Andrea Genovese
La Sicile est une terre de passions où les sens, tous les sens, sont sollicités. Vanni, écrivain et poète sicilien installé à Lyon depuis longtemps, de retour dans sa terre natale pour une courte période, se trouve soudainement plongé dans ce tourbillon de contrastes, de paradoxes, d’excès. On l’a appelé à Messina pour la cérémonie de remise du « Prix de la poésie chrétienne » qu’il vient de gagner, sans vraiment en comprendre la raison. Un prix littéraire conçu par Lorenzo Ferrella, un notable de la ville, en honneur de son père Gaetano qui gribouillait des vers pendant son temps libre.
L’adjectif chrétien assume dans ce contexte un sens tout sicilien car si le gagnant n’est pas vraiment un champion de chrétienté, Lorenzo, personnage puissant dans le milieu politique local, se permet plusieurs entorses aux diktats évangéliques, que ce soit pour ses mœurs sexuelles peu « catholiques » que pour sa conduite dans la gestion du pouvoir.
Vanni débarque à Messina avec sa femme Louise, une Lyonnaise qui traîne vraisemblablement quelques petits malentendus sur cette île aux contrastes acérés. Si le couple bat de l’aile, la rencontre avec Lillina, journaliste ainsi que maîtresse de Lorenzo tout juste « remerciée », ne va pas arranger les choses. Lillina est une fille superbe qui transpire sensualité et érotisme. La rencontre entre les deux jeunes femmes prend de l’épaisseur jusqu’à assumer les traits, en quelque sorte, d’une confrontation culturelle en matière d’amour : L’érotisme naturel et passionnel des « Siciliennes » face à une conception de l’amour plus raffiné et cérébrale incarnée par la Française.
Andrea Genovese, poète, romancier, dramaturge de Messine, qui vit en France depuis plusieurs années, signe avec Dans l’utérus du volcan son premier roman écrit directement en langue française. Cela n’ôte aucun plaisir à sa prose. En savourant le roman, le lecteur ressent bien la jouissance de l’auteur à jouer avec les mots et la syntaxe de sa deuxième langue. Une très belle découverte pour moi, qui ne connaissais Andrea Genovese que pour son Belvedere, très intéressant magazine de culture littéraire et politique en ligne. Je le reçois depuis plusieurs années dans ma boîte email et je vous invite chaudement à vous y abonner.