Publié le vendredi, 14 juillet 2023 à 11h03
Claudio Fava, La Vengeance de Teresa. Le goût sucré du châtiment
Teresa est précaire. Elle partage cette situation avec des millions d’autre Italiens, diplômés comme elle, qui survivent avec des petits boulots mal rétribués ou carrément non rétribués. Teresa, grâce à l’aide d’un notable local, est embauchée dans une école privée. Elle reçoit une régulière fiche de paie. Oui mais.. sans paie. Que la fiche.
On est en Sicile, dans une ville ravagée par l’indifférence des citoyens et la mauvaise gestion de l’administration. Sans jamais être nommée, on reconnaît la ville de Catane. C’est là où Teresa est née, a grandi et a fait ses premiers pas dans le monde du travail. Cette ville est la source de tous les soucis de la jeune femme. Elle lui reproche son apathie vis à vis de la corruption et du pouvoir mafieux mais surtout de lui avoir pris son père. Un pâtissier honnête dans une ville où cette vertu est une anomalie mal tolérée.
Appelée par son amie Gisella qui travaille à Rome, Teresa quitte son île natale et s’installe dans la capitale. Gisella l’embauche pour porter du réconfort aux malades en phase terminale. Vingt euros le rendez-vous. Parmi les « clients » de Teresa, Ferrari, un ancien des Brigades rouges. Une rencontre qui se révélera décisive.
Teresa, qui dans l’édition française devient La vengeance de Teresa, suggérant donc, malheureusement, quelques indices au lecteur sur la suite des événements, est une petite merveille. Le livre, paru en Italie il y a douze ans, sent le vécu personnel de l’auteur. Giuseppe, le père de Claudio Fava a été tué par la Mafia à Catane en 1984. Le style concis et rapide, les dialogues courts et incisifs tiennent le lecteur constamment en haleine. Claudio Fava est maître dans le rendu des personnages. Ils sont tous très réalistes, tout particulièrement la protagoniste, pétillante de vie et de cynisme.
Informations pratiques
- Claudio Fava, La Vengeance de Teresa, traduit de l'italien par Eugenia Fano, Métailié, 18€