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Publié le lundi, 18 janvier 2021 à 09h28

Cinéma Bis italien : Toutes les nouveautés italiennes au catalogue d'Artus Films

Par Valérie Mochi

Beatrice Cenci - affiche

Mais qu’est-ce que le cinéma bis ? Cinéma dit aussi de série B, d’exploitation, mineur, populaire, de quartier… une multitude de dénominations pour une multitude de genres, le plus souvent des parodies de genres. Dès l’époque du cinéma muet, le B-movie (un moyen métrage destiné à la seconde partie de programme dans les salles de cinéma) démarre sa production aux États-Unis, et même si l’appellation est semblable, en Italie, le film de série B, c’est autre chose.
C’est un film à part entière qui reprend les genres existants, les décline en sous-genres et même en parodies du sous-genre. Dans les grandes lignes il y a les films d’action, d’horreur, érotiques, épiques, fantastiques qui se subdivisent en genres plus spécifiques et presque 100% italiens, comme le Western spaghetti, le Giallo, le péplum, l’épouvante, l’espionnage, la comédie, la comédie sexy, et même le Decamerotico (inspiré par Pasolini et le succès populaire qu’il a obtenu avec sa Trilogie de la Vie)…

Un tourbillon vertigineux où tout devient délirant, absurde et excessif dans ce type de cinéma, des cowboys italiens plus vrais que les américains, des assassins d’une violence extrême sous couvert d’un aspect plus que banal, des vampires plus assoiffés de chair fraîche que de sang, des zombies tellement mémorables qu’ils sont devenus des modèles pour les jeux vidéo d’aujourd’hui.

Le cinéma bis, avec un unique credo, dépenser peu (quand c’est possible) et gagner beaucoup, commence sa production dans les années 60 en Italie et atteint son apogée dans les années 70 pour décliner dans les années 80. Il n’a pas de recette, pas de concept, il reprend les thèmes des films dits de série A qui ont marché au box office, la dérision et l’imagination en plus. Décors et costumes de récup, matériel technique bricolé, toutes les combines sont bonnes pour palier au manque de moyens. Mais si les budgets sont réduits (pas toujours), les réalisateurs du cinéma bis déploient des trésors d’inventivité et d’innovation car le spectateur doit « en prendre plein la vue », être secoué sur son siège et vibrer au rythme des films. Quelque soit le genre, ce sont tous des films de sensations. Même travail pour les affiches des films, elles sont éclatantes, spectaculaires, pas d’information sur le réalisateur ou la distribution, mais elles permettent au futur spectateur de comprendre immédiatement ce qu’il va voir.

Évidemment la critique cinématographique de l’époque n’apprécie pas ce cinéma différent, il représente à ses yeux un sous genre, trop populaire et trop vulgaire, le contraire du cinéma d’auteur, alors qu’il compte autant de vrais auteurs parmi ses rangs : Mario Bava, Lucio Fulci, Dario Argento, Umberto Lenzi, Sergio Martino, les frères Corbucci, E. Barboni… Et des acteurs : F. Nero, L. Van Cleef, Garko, B. Bouchet, E. Fenech, N. Cassini, des techniciens : T. Delli Colli , E. Barboni (encore), des musiciens : E. Morricone, R. Ortolani, L. Bacalov, qui se partagent entre les deux types de cinéma.

Il faut dire que Cinecittà dans les années 60 tournait à plein régime, les américains et toute l’Europe déambulaient dans Rome, il y avait un brassage d’acteurs et de réalisateurs de tous horizons, plus de distinction, plus de hiérarchie, les échanges étaient possibles à tous les niveaux. Un jeu à double sens, souvent les artistes et les techniciens italiens ont pris des pseudos à consonance américaine et vice versa.

Le cinéma, machine à fabriquer du rêve en proposait pour tous les goûts, reprise des péplum hollywoodien qui redonne vie à toute la série des Maciste, western spaghetti capable d’un tel succès qu’ils ont été copiés et encensés par les grands du cinéma américains en leur temps et jusqu’à nos jours.

D’ailleurs les amateurs de cinéma bis ne disparaissent pas, il y a même un regain d’intérêt, depuis quelques années, les films sont visibles dans les cinémathèques et les salles d’art et essai, les éditeurs de dvd dénichent des perles rares et contribuent à leur diffusion, un comble pour ce genre méprisé à l’époque. Chef d’œuvres, navets, nanars, certains films deviennent cultes pour une horde de fans toujours grandissante.

Un cinéma qui échappe à toute classification, hors norme, un cinéma de liberté créatrice et de contradictions, politiquement incorrect, il abolie toutes les frontières, il est définitivement subversif et vivant.

Artus Films s’est spécialisé dans l’édition de ce cinéma, et son catalogue regorge de titres italiens remastérisés et accompagnés de suppléments, de bonus, de critiques, des mediabook très complets représentatifs de tous les genres du genre.
Sorti en juin, le dernier mediabook de Lucio Fulci est Beatrice Cenci (Liens d’amour et de sang), une édition limitée à 1500 exemplaires qui complète une collection de L. Fulci déjà riche de titres tels que Selle d'argent (Sella d'argento) 1978, L'Enfer des zombies (Zombi 2) 1979, Frayeurs (Paura nella città dei morti viventi) 1980, L'Au-delà (E tu vivrai nel terrore - L'aldilà) 1981. En février 2021 sortira un autre mediabook Fulci, Le Miel du diable (Il Miele del Diavolo) de 1986.

Beatrice Cenci (Liens d’amour et de sang) est un drame historique, un film particulier dans la carrière de Lucio Fulci, celui qu’il préfère. D’une rare précision scénaristique, il présente une version très personnelle, sombre et cruelle du destin tragique de cette jeune femme de la Renaissance. Beatrice Cenci avait déjà inspiré de nombreuses œuvres littéraires, musicales, dramaturgiques et cinématographiques quand Fulci décide de réaliser ce film atypique dans sa filmographie pourtant très originale. Il suit les modes en commençant sa carrière avec des comédies, comédies érotiques, puis passe au western spaghetti, aux gialli, à la fantaisie, aux post atomique, pour finir avec l’horreur, tout en gardant sa touche personnelle. Il est l’un des plus grands représentants du cinéma populaire italien.

Pour Beatrice Cenci, Lucio Fulci s’entoure d’acteurs à la carrière aussi éclectique que la sienne et avec lesquels il tournera plusieurs films. Tomas Milian dans le rôle d’Olimpio, souvent protagoniste des western spaghetti et des « poliziotteschi », on le voit aussi dans les films de Michelangelo Antonioni, d’Yves Boisset ou de Sydney Pollack. Georges Wilson, dans le rôle de Francesco Cenci, acteur et directeur de théâtre, les français connaissent bien son visage et son talent, il a tourné plus d’une centaine de films et de téléfilms, et retrouvera Tomas Milian et Lucio Fulci pour La Longue nuit de l’exorcisme (Non si sevizia un paperino) en 1972. Raymond Pellegrin, un autre acteur français, de la même génération et à la filmographie aussi importante que celle de G. Wilson, est le cardinal Lanciani. Enfin la star, Adrienne Larussa incarne Beatrice Cenci, avec une carrière moins prolixe, elle est plus une habituée des séries télé américaines, cependant on peut la voir aux côtés de David Bowie dans L'Homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth).

« Alcuni mi ritengono completamente pazzo perché tento sempre di uscire dal genere, tento di essere un terrorista del genere. Sto dentro, ma ogni tanto metto la bomba che tenta di far deflagrare il genere. Infatti ne ho trascorsi tanti, di generi... ». (Certains me prennent pour un fou car j’essaie toujours de sortir du genre, j’essaie d’être un terroriste du genre. Je suis dedans, mais de temps en temps je pose une bombe qui fait exploser le genre. Et c’est vrai, j’ai touché à tous les genres…) » Lucio Fulci

Les dernières nouveautés italiennes d’Artus Films dans différentes collections : Western : Tire, Django, tire ! (Spara, Gringo, spara) Bruno Corbucci. La dernière balle à pile ou face (Testa o croce) Piero Perotti. Polar : Société anonyme anti crime (La polizia ringrazia) Stefano Vanzina ; Opération K (Operazione Kappa: sparate a vista) Luigi Petrini. Chevalerie : Les cent cavaliers (I cento cavalieri) Vittorio Cottafavi. Le chevalier du château maudit (il cavaliere del castello maledetto) Mario Costa. Guerre : Les sept bérets rouges (Sette baschi rossi) Mario Siciliano ; Ecorchés vifs (Scorticateli vivi) Mario Siciliano.
Et pour ceux qui ont abandonné les supports dvd ou Blu-Ray, Artus films propose aussi un service d’achat des films dématérialisés, en ligne sur la plateforme Vimeo.

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