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Publié le lundi, 3 août 2020 à 10h17

Ceci n’est pas une chanson d’amour, roman d’Alessandro Robecchi

Par Stefano Palombari

Ceci n’est pas une chanson d’amour - couverture

Ceci n’est pas une chanson d’amour est un polar aux multiples rebondissements. Ses 400 pages se boivent d’un seul coup grâce notamment à un rythme palpitant, à des dialogues décharnés et à une syntaxe calibrée sur la vitesse. Le ton est décalé, ce qui donne un résultat drôle, voire loufoque. Bref… Une lecture rafraichissante.

Les ingrédients ? Une série de meurtres apparemment sans mobile, le créateur, riche mais embarrassé, d’une émission de téléréalité, des policiers incompétents, deux gitans discrets, une jeune fille brillante autant que capricieuse, deux killers spirituels, presque touchants, un substitut du procureur vieux-jeu et maladroit.

Carlo Monterossi, concepteur et scénariste de l’émission de téléréalité Crazy Love, où l’on étale en direct le linge sale des gens communs, est victime d’une tentative d’assassinat. Un type débarque chez lui un matin avec la ferme intention de le tuer et de lui fourrer dans le rectum l’index sectionné d’un inconnu. C’est le point de départ d’une enquête à 360° qui trébuche sur plusieurs cadavres.

La police patine tandis que les autres protagonistes de ce roman haletant, réussissent à rassembler les différents éléments de la mosaïque pour se retrouver finalement tous ensemble au moment du grand final.

La cible ? une brute, à la matière grise étouffée par la testostérone. Il fait partie d’une organisation néonazie. Derrière lui, trois couples de chasseurs : les deux killers à l’humour décapant, deux gitans laconiques et notre héros, Carlo Monterossi aidé par Nadia, une jeune fille efficace oui, mais insupportable, totalement accro aux appareils au logo fruité. On l’imagine bien passer une nuit sur un trottoir pour arracher le dernier produit à la pomme avant les autres, plus cher que les autres.

Ceci n’est pas une chanson d’amour est un polar dans le sillon du giallo à l’italienne. Tout d’abord pour l’ancrage territorial. Suivant les différents protagonistes, on se balade dans Milan en passant des quartiers les plus riches aux banlieues dégradées. E puis pour le personnage principal qui est toujours complexe, contradictoire, romantique, touchant.

L’ironie, autre caractéristique des romans « noirs » italiens, ici est omniprésente. Peut-être même un peu trop. Un humour qui se manifeste sous forme de paradoxe, d’oxymore, d’hyperbole, de comparaison par l’absurde. Même si la plupart du temps l’auteur réussit à maitriser ses trouvailles, parfois la répétition d’une formule heureuse devient lassante tombant dans la caricature et le grotesque. Un peu comme un enfant qui, content de sa blague, pense que sa répétition ad libitum a pour résultat de démultiplier son effet.

Informations pratiques

Alessandro Robecchi, Ceci n’est pas une chanson d’amour, Éditions de l'Aube, 19,90 €
En librairie à partir du 20 août 2020