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Publié le samedi, 22 octobre 2022 à 10h19

45 secondes qui ont changé le cinéma italien. Milan l'è un gran Milan

Par Stefano Palombari

45 secondes qui ont changé le cinéma italien - couverture

Ce qui frappe en lisant ce court texte ce sont deux choses : L’utilisation compulsive de l’hyperbole et la passion de l’auteur pour Milan. Je m’étais préparé à lire un texte sur le cinéma italien mais finalement 45 secondes qui ont changé le cinéma italien c’est bien plus. L’auteur mélange sociologie, économie, cinéma, télévision, publicité. Ce « minestrone » rend paradoxalement assez bien l’ambiance des différentes périodes abordées par l’ouvrage. Toute rapidité et concision implique forcément simplification mais l’opération est loin d’être inintéressante.

Jean-Philippe Guigou parle aussi cinéma mais pas celui auquel on s’attendait. Il se focalise sur des blockbusters des années 1980 (le "cinéma bis italien") dont le succès retentissant n’a que rarement franchit les frontières de la « Botte ». Un succès qui n’a pas survécu aux années car personnellement, et je ne crois pas être le seul, j’avais oublié l’existence de la plupart d’entre eux.

On suit donc, après la fin des années de plomb, le succès grandissant de la ville de Milan dans l’imaginaire collectif italien. La ville grise et brumeuse des années 1970 laisse la place à une ville dynamique, moderne et colorée de la décennie successive. Tout ça grâce à une publicité bien conçue pour un « amaro », digestif italien.

L’intérêt suscité par la ville « de la Madonnina » et le déclin parallèle de la capitale sont représentés par le changement de décor des films des frères Vanzina. Les deux réalisateurs après leurs « chef-d’œuvres » romains tels que Sapore di mare et Vacanze di Natale vers la moitié des année 1980 décident de poser leur caméra à Milan pour tourner Sotto il vestito niente et Via Montenapoleone.

Avec son regard bienveillant, pour ne pas dire enthousiaste, sur les mœurs de Milan dans ces années-là, dont le cinéma est le miroir, l’auteur semble oublier que la crise de la décennie successive en est la directe conséquence. Le film Sposerò Simon Le Bon, une daube qui n’arrive pas à la cheville de la pire série télévisée produite aujourd’hui par les plateformes de streaming, a le seule mérite de nous montrer une société opulente, superficielle et narcissique, totalement obsédée par la recherche du plaisir éphémère de la consommation. Une société au bord de l’effondrement moral. Ce qui se passera à peine quelques années plus tard.

Le nouveau visage de Milan est symbolisé par les 45 secondes d’une publicité dans laquelle on voit une ville totalement différente des images négatives qui l’avaient caractérisée jusque-là. La publicité en question se terminait avec la phrase Milano da bere, Milan à boire. Or, s’il est vrai que cette phrase est connue de la plupart des Italiens, en comparer la diffusion à celle du terme dolce vita me semble franchement exagéré. Par ailleurs l’auteur semble particulièrement porté sur l’emphase. Dès la première page, où Cannes possède carrément « les plus célèbres marches du monde », les hyperboles fusent. Ce genre d’inepties ont la fâcheuse conséquence d’irriter le lecteur et de décrédibiliser l’ouvrage.

Informations pratiques
  • Jean-Philippe Guigou, 45 secondes qui ont changé le cinéma italien, Filigranowa, 16,50 €
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