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Publié le samedi, 2 janvier 2021 à 10h34

07.07.07, nouveau roman d'Antonio Manzini

Par Deborah D'Aietti

Antonio Manzini, 07.07.07 - couverture


Après Un Homme Seul, Antonio Manzini revient (enfin !) avec 07.07.07, nouvelle enquête de son irrévérencieux mais attachant personnage, Rocco Schiavone. Ce nouveau roman ravira les afficionados du sous-préfet de police, puisqu’il nous plonge dans le passé de Rocco à Rome, avant son transfert dans le Val d’Aoste.

L’enquête se construit sous la forme d’un long flash-back : convoqué par un juge, Rocco lui raconte son passé « Bon, faisons comme quand on lit un livre. Moi j’en raconte soixante-dix pour cent, et vous complétez le reste avec un peu d’imagination ».

Retour à Rome, en 2007. La femme de Rocco, Marina, vient de le quitter, après avoir découvert qu’il traînait dans des affaires de corruption. En parallèle, un jeune homme de bonne famille est retrouvé mort dans une carrière de marbre. Cette mort redouble de mystère et un proche du jeune homme est lui aussi découvert mort. Schiavone va mettre au jour un immense trafic de drogue, jusqu’à finir par y perdre beaucoup le 7 juillet 2007.

Rocco Schiavone est fidèle à lui-même : on retrouve son vocabulaire fleuri, son caractère impétueux, ses méthodes peu légales, le tout dans son environnement romain. Avec ses amis Sebastiano, Furio et Brizio, ils forment un quatuor de lascars, invitant à des scènes d’action dignes de films à suspense. Cette tendance est nuancée par d’autres scènes, plus statiques, comme les repas qu’ils partagent. La scène du restaurant et des pâtes cacio e pepe nous rappelle la saveur et la virtuosité des comédies italiennes d’époque : réparties, discussions sur les plats, jeux de séduction avec les voisines de la table d’à côté…

Ce roman montre également l’état dépressif de Schiavone et à quel point le départ de sa femme l’affecte dès le début du roman : « Les souvenirs, la dispute trois jours plus tôt, la chaleur et l’angoisse pleuvaient à verse dans l’esprit de Rocco. Il but son café en regardant la ville prête à accueillir le soleil ». Le bonheur éphémère de la retrouver plus tard intensifie le caractère tragique du récit puisque le lecteur en connaît l’enjeu dès le début.

Plus intime et plus personnelle, cette nouvelle enquête de Rocco Schiavone peut se lire indépendamment des autres livres mais donnera une perspective plus éclairée sur son personnage central : elle lève le voile sur la vie de Rocco aujourd’hui, la disparition de sa femme, son perpétuel remords, sa mutation dans le Val d’Aoste, qui n’avaient pas été justifiés dans les précédents romans.

Antonio Manzini nous propose encore un polar aux couleurs romaines, rondement mené, dans un style fort, fin et franc.

Informations pratiques

Antonio Manzini, 07.07.07, traduit de l’italien par Samuel Sfez, collection Sueurs Froides, Éditions Denoël, 22,90 €
Vous pouvez commander ce livre, en italien ou en français, sur le site de La LIbreria