Publié le lundi, 19 juin 2023 à 09h48
Vers un avenir radieux de Nanni Moretti. Retour dans le futur
Les films de Nanni Moretti, ceux que j’adore et ceux que j’aime moins, ont tous en commun de me provoquer un petit vertige quand l’obscurité de la salle laisse la place à la lumière. Aucun film du réalisateur romain me laisse indifférent. Je parle de moi car le cinéma, comme la littérature, est une expérience individuelle. Les sensations, les émotions, les frissons ne sont pas, ou pas toujours, universels. À la fin de la projection de Vers un avenir radieux (Il sol dell’avvenire), j’ai été pris dans un tourbillon de questionnements.
Ce vieux réalisateur, je parle de Giovanni (même si Nanni n’est rien d’autre que le diminutif de Giovanni) le protagoniste du film, est de plus en plus insupportable. Sa femme Paola veut le quitter mais elle n’y arrive pas. Car sa logorrhée la sidère. Giovanni ne se reconnaît plus dans le monde où il vit. Il tente de freiner, d’empêcher le changement. Mais le monde avance comme une avalanche, emportant tout sur son chemin : Certitudes, rituels, mœurs. Il prend conscience avec effroi que sa vision est une monnaie qui n’a plus cours.
Le tournage de son film sur une section romaine du Parti communiste italien en 1956 a du mal à avancer. Son approche passéiste du cinéma rencontre de remous, y compris parmi certains de ses acteurs. Le cinéma d’autrefois et la politique d’autrefois, deux chemins qui s’égarent dans les brumes de l’histoire et qui n’ont plus aucun impact sur le monde d’aujourd’hui.
Quand on n’a plus de prise sur la réalité. Quand la situation politique, cinématographique et personnelle du présent nous sont insupportables, il ne reste qu’un dernier recours. Tenter la carte de l’hypothèse historique. Celle qu’on nous a toujours proscrite, celle que le cinéma peut nous aider à imaginer…
Informations pratiques
- Au cinéma dès le 28 juin 2023
Jeu-concours des places à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre