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Publié le vendredi, 6 août 2010 à 09h35

Triangle amoureux sous fond de precarité sociale

Par Caroline Verhille

Pier Francesco Favino et Alba Rohrwacher

Anna mène une vie tranquille avec Ale, son compagnon depuis longtemps. Ils prévoient d’avoir un enfant bientôt. Elle aime son travail de comptable, son patron l’apprécie et elle entretient des relations amicales avec ses collègues. Ale et elle ont un couple d’amis, Bianca et Bruno qu’ils voient souvent et avec qui ils passent de bons moments. En apparence, une vie heureuse. Pourtant c’est elle qui un jour va prendre l’initiative d’inviter ce serveur à prendre un café.

Lui, c’est Domenico, il essaie péniblement de joindre les deux bouts en travaillant chez un traiteur qui n’a aucune considération pour son travail. Il a une jolie femme et deux petits enfants. La rencontre est fugitive et aurait pu se résumer à un bref échange dans un cadre professionnel puis à l’oubli. Pourtant, qu’est ce qui pousse Anna à vouloir revoir cet inconnu ? Et lui pourquoi vient-il à ce rendez-vous ? Jusqu’à leur rencontre, c’est comme si les choses avaient suivi leur cours, sans enthousiasme, presque malgré eux. Ils ne sont pas malheureux mais il semble leur manquer quelque chose pour être satisfaits de la vie qu’ils mènent. Une fois ensemble, c’est la passion, le quotidien et ses tracas n’existent plus. Pourtant petit à petit une évidence s’impose, il faudra faire un choix.

Ce que je veux de plus pourrait être l’histoire d’un banal adultère, avec ce qu’il faut de sexe, de mensonges et peut-être même d’amour. C’est plus que cela. A travers les vies d’Anna et Domenico, Soldini a voulu faire le portrait d’une Italie en crise, qui ne sait plus vraiment où elle va.
C’est un quotidien un peu morne, où le manque est omniprésent. Le manque d’argent où la garantie de finir le mois n’est jamais certaine. Le manque de temps, d’espace, entre la ville et cette banlieue sans âme où les personnages évoluent. Enfin, le manque de sens, d’intensité dans une vie que les deux personnages ne semblent pas avoir choisie.

Silvio Soldini, dans un style quasi documentaire, nous emmène au plus près de ces amants, que nous suivons comme des ombres dans leur intimité. Ce que je veux de plus, malgré quelques longueurs, possède une certaine grâce, due en grande partie à l’alchimie rare qui existe entre Pierfrancesco Favino (Domenico) et Alba Rohrwacher (Anna). Cette dernière est particulièrement juste dans ce rôle de femme, qui se découvre une sensualité jusqu’alors inconnue et qui provoque son histoire en écoutant son instinct, quitte à prendre le risque de tout perdre.

critique du film Ce que je veux de plus