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Publié le mardi, 5 avril 2022 à 09h42

Santiago Posteguillo, Moi, Julia - Un empire, une destinée. Game of thrones antique.

Par Solène Perronno

Moi, Julia - couverture

Entre 192 et 197 après J.-C., une guerre civile secoue l’empire romain pour la désignation du nouvel auguste. Le dernier empereur de la dynastie Nerva-Antonine, Commode, est en effet mort sans descendance. A ce jeu du pouvoir, Julia Domna, épouse du prétendant Septime Sévère n’est pas la plus mauvaise, loin de là. Intelligente, belle, admirée autant que jalousée, la Syrienne va tout faire pour protéger sa famille et porter son mari à la distinction suprême.

Intrigues, meurtres, complots, grandes batailles, trahisons, et autres, il est clair que le lecteur ne s’ennuie pas tout au long des 817 pages du roman de Santiago Posteguillo. On entre à petits pas dans cette grande fresque foisonnante où la multiplicité des personnages et des lieux peut parfois donner le tournis. L’auteur a d’ailleurs pensé à tout avec des annexes documentaires fort utiles (cartes, glossaire, liste des personnages explicitant leurs liens). L’écriture, classique, est agréable mais c’est ailleurs qu’il faut chercher le côté novateur de ce récit.

En premier lieu, la période historique choisie, la fin du Haut Empire romain, peu connue même si le film de Ridley Scott, Gladiator, avait fait découvrir les empereurs Marc-Aurèle et Commode. Cette période d’instabilité politique qui verra se succéder 4 empereurs en 4 ans est fascinante et vraiment bien rendue par Santiago Posteguillo qui rentre dans les détails des intrigues du Sénat, et des batailles entre prétendants (mention spéciale à la bataille de Lugdunum qui nous tient en haleine près de cent pages), faisant de Moi, Julia un véritable Game of thrones antique.

Mais le choix le plus fort de ce roman historique est son personnage principal, Julia Domna, impératrice avant même de l’être et qui porte son mari au pouvoir. L’auteur l’explique dans sa note historique à la fin de livre, il a voulu réhabiliter cette figure historique forte, injustement présentée comme peu vertueuse par ses détracteurs et dont le souvenir n’est pas venue jusqu’à nous malgré son influence déterminante en son temps. Vue au travers des yeux de ses ennemis et du médecin grec Galien, Julia Domna habite chaque page. Elle est une héroïne de fiction parfaite, digne, dure quand il le faut (elle n’hésite pas à décider la mort d’un des concurrents de Septime Sévère), aimante avec les siens, juste… et c’est grâce à elle que l’on se laisse emporter par son histoire malgré la taille du pavé.

Informations pratiques
  • Santiago Posteguillo, Moi, Julia - Un empire, une destinée, traduit de l’espagnol par Hélène Serrano, Le Cherche Midi éditeur, 23,90 €