Publié le mercredi, 1 mai 2013 à 08h00
Une parenthèse inattendue
La voix off de Salvatore, un des deux ados du film, nous parle d’oiseaux, qui finiront par être le fil rouge de cet « intervalle ».
Il nous raconte que le chant du rouge-gorge de nuit est un chant de défi alors que celui du rossignol est un chant d’amour ; et que même une oreille expérimentée pourrait se tromper…
C’est donc les deux qu’a filmés Leonardo di Costanzo : un chant de défi et d’amour de Salvatore, le gardien et Veronica, la prisonnière. Une tentative de défi contre la société, les règles, la Camorra qui écrase et d’amour car c’est le motif de la « punition » imposée à Veronica.
Enfermée dans un lieu désaffecté, pendant une journée, c’est Salvatore, un peu « balourd » mais sensible, qui devra surveiller la jeune fille, au visage encore poupon mais déjà bariolé et à la mise provocante.
On finira par connaître dans les détails la raison de cet emprisonnement mais de toute façon, on ne discute pas les ordres de « là-haut », de la Camorra.
Car c’est cela que dénonce, de manière détournée, di Costanzo dans son film : la main mise de la Mafia sur Naples et tous ses habitants, même sur les plus jeunes qui ne sont plus libres de choisir leur quotidien, ni leur avenir.
Le réalisateur raconte donc cet intervalle, cette parenthèse presque enchantée de ces deux ados (deux acteurs non-professionnels choisis dans un atelier de théâtre du quartier espagnol, un des plus difficiles de Naples), qui se jaugent, se défient, se découvrent puis finissent par se confier.
Comme des petits oiseaux, ils sont emprisonnés dans ce système de clans, de règlements de compte mais le temps d’une journée chaude et orageuse, ils seront libres de découvrir cette immense bâtisse abandonnée, d’y inventer leurs jeux, d’y rêver leur vie.
Projetés trop tôt dans le monde des adultes – Salvatore travaille pour aider son père, Veronica parle de dettes familiales – ils retrouvent l’insouciance de l’enfance qu’ils n’ont peut-être jamais connue.
Au tout début du film, Salvatore explique que parfois, par manque de courage ou dans l’affolement, les oiseaux ne fuient pas et tapent contre les murs. La fin laisse présager que la cage est difficile à ouvrir, mais nos deux ados auront goûté à la liberté, ne serait-ce que quelques heures…