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Publié le lundi, 4 octobre 2021 à 09h28

Mamma Roma, roman de Luca Di Fulvio

Par Deborah D'Aietti

Mamma Roma - couverture

A la fois roman historique, d’apprentissage et d’aventures, Mamma Roma est le dernier titre de Luca Di Fulvio. L’auteur qui a l’habitude de faire voyager ses lecteurs aux quatre coins du monde, pose cette fois sa plume en Italie. 640 pages qui nous plongent en 1870 entre le Nord de l’Italie et Rome, dans les États pontificaux. La ville éternelle n’est pas encore italienne et ici est l’un des enjeux de l’histoire : nous raconter comment Rome fut unifiée à l’Italie.

Portés par leurs rêves, tous les personnages convergent vers Rome. Par un entremêlement d’intrigues, leurs destins deviennent liés les uns aux autres, jusqu’à former une famille, au dé-là des différences de classes sociales et de caractères, et alors que le peuple se rassemble en patrie.

On suit ainsi l’histoire de la comtesse Silvia di Boccamara, dont le statut social évolue au fil des pages. Après la mort de son mari, et pour échapper à ses créanciers, elle fuit le Piémont, où elle menait une vie confortable dans un somptueux domaine à la campagne, pour arriver aux portes de Rome – là où sa vie a commencé, dans l’ombre et la misère. Elle prend les traits d'une couturière modeste, et emmène Pietro, un garçon de seize ans retiré d'un orphelinat, son « poulain » qui trouvera son chemin vers Rome, pavé de dangers, mais aussi de bonheur.

Marta arrive également à Rome. Recueillie au sein du cirque Callari, lorsqu’elle était toute petite, elle est élevée par Melo, ancien cavalier du cirque. Marta ne s’identifie plus à la vie en troupe et se pose des questions sur ses origines, son existence. Poussée par Melo, elle décide d’aller à Rome pour soutenir la cause des révolutionnaires de l’unité italienne et compte bien ne pas rester à l’ombre des hommes. Il y a aussi une myriade de personnages secondaires : Ludovico, un jeune homme de la noblesse romaine qui préfère renoncer à son statut pour se battre en faveur de l’unité, l’Albanese, le chef d'une bande de criminels qui profite du chaos romain pour voler et tuer, Leone Pompei, un huissier de justice du Royaume d'Italie qui poursuit la comtesse, sans oublier Mamma Lucia et sœur Alberta, deux religieuses, figures du passé de Silvia, le prince Chiodetti, père de Ludovico…
Chacun a son propre parcours personnel, à la fois géographique et progressif. Tous « grandissent» par une prise de conscience, la résilience, la haine et l'amour.

La petite histoire se mêle à la grande Histoire: le climax du roman est le passage de la brèche de la Porte Pia, l'événement historique fondamental du Risorgimento qui, le 20 septembre 1870, marque l'annexion de Rome au Royaume d'Italie et décrète la fin de l'État pontifical. L’inclusion de personnages réels à l’histoire lui confère un caractère pédagogique ; à l’instar de Giacomo Segre, le capitaine qui commandait la cinquième batterie du neuvième régiment d'artillerie et qui a tiré le premier coup de canon pour ouvrir la brèche dans les murs d'Aurélien, et le jeune Edmondo De Amicis, sous la forme d'un journaliste militaire qui rend compte de la prise de Rome en 1870. C’est d’autant plus intéressant car les lecteurs français connaissent peu le Risorgimento.

Luca Di Fulvio use parfois des rouages romanesques et prend quelques libertés avec l’Histoire pour servir sa créativité d’auteur et celle de ses personnages : le jeune Pietro apprivoise la photographie qui est apparue des dizaines d’années plus tard, ce qui lui permet de saisir les moments importants des combats. L’auteur est tout pardonné car cette fresque romaine emporte le lecteur de la première à la dernière page. Avis aux amateurs de page-turners.

Informations pratiques
  • Luca di Fulvio, Mamma Roma, éditions Slatkine & Cie, traduit de l’italien par Elsa Damien, 9 €

Vous pouvez commander ce livre, en italien ou en français, sur le site de La LIbreria