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Publié le mercredi, 22 décembre 2021 à 09h52

Lux, roman d'Eleonora Marangoni

Par Deborah D'Aietti

Lux, d'Eleonora Marangoni - couverture

Finaliste du Premio Strega 2019 et vainqueur du Premio Neri Pozza, Lux d’Eleonora Marangoni vient d’être publié dans sa traduction française. Invitation au voyage, quête de soi et échappée littéraire riche et inédite, Lux nous porte de la grisaille londonienne à la chaleur d’une île italienne : un programme d’autant plus réjouissant en ce mois de décembre. Rencontre avec Eleonora Marangoni qui nous introduit l’histoire et nous confie quelques secrets de son écriture.

Thomas G. Edwards est light designer. Il a trente ans, vit à Londres et se complaît dans une relation sans saveur avec Ottie Davies. Ses deux parents disparus, Thomas hérite de son oncle italien Valentino d’un terrain sur une petite île du sud de l’Italie, où se trouvent une source d’eau minérale, un volcan endormi, dix-huit baobabs nains et un hôtel délabré, le Zelda. Thomas entreprend de se rendre sur place dans le seul but de vendre la propriété. Il y fait la rencontre d’une galerie de personnages haut en couleur : Bembo, homme à tout faire, Gero, le concierge de l’hôtel, Olivia Lubic, biologiste insaisissable venue étudier la source de l’île, Guglielmo Gandini, écrivain et client habitué de l’hôtel et Agave, prostituée excentrique mais philosophe. A cela s’ajoute une atmosphère surréaliste : des péripéties extravagantes et inattendues pousseront Thomas à remettre en question la vente de cet héritage.

Écrit à la troisième personne, Lux est un roman esthétique où les lieux, les personnages sont soigneusement décrits. Le décor est posé de façon détaillée, de sorte à créer une atmosphère précise et palpable comme lors de la découverte de l’hôtel Zelda : « La végétation dans cette partie de l’île était tellement dense qu’ils ne virent pas approcher leur destination, et l’hôtel Zelda se profila soudainement (…) Les murs s’effritaient avec une certaine grâce, les persiennes fermaient mal mais étaient magnifiquement azurées, les escaliers étaient écornés mais solides et bien façonnés ; en somme, malgré les disgrâces évidentes et la folle histoire d’abordages, d’abandons et d’adieux qu’il devait avoir connue, le Zelda arborait le charme indiscutable des vieilles dames qui ont été autrefois des jeunes filles ravissantes ».

Le roman joue avec délicatesse sur l’ambivalence du comique et de la mélancolie, notamment à travers les deux relations amoureuses de Thomas : Ottie, qui l’accompagne sur l’île, à qui il arrive des aventures grotesques et Sophie Selwood, l’ancien amour de Thomas. Sophie est complètement étrangère à l’intrigue sur l’île, mais évolue à l’autre bout du monde, dans une vie où Thomas n’a pas sa place. Pourtant le souvenir de leur relation est évoqué à des moments clé du roman, comme en ouverture et en clôture.

Si certaines références littéraires sont explicitement énoncées - les trois parties qui composent le roman sont introduites par des citations de Claude Jankélévitch, Antonio Machado et Henrich Heine/ Gérard de Nerval- Lux résulte de l’assimilation inconsciente des lectures d’Eleonora Marangoni : l’intrigue nous rappelle l’univers luxuriant de Fitzgerald, la prose d’Elsa Morante, les réminiscences de Proust, le réalisme magique de Garcia Marquez rendant ce texte romanesque joyeusement inclassable.

Informations pratiques
  • Eleonora Marangoni, Lux, traduit de l’italien par Lise Caillat, Éditions Denoël.

Vous pouvez commander ce livre, en italien ou en français, sur le site de La LIbreria