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Publié le lundi, 3 mars 2025 à 09h33

Lorenza Mazzetti, Carnet de Londres, Fragment de Vies

Par Colleen Guérinet

Lorenza Mazzetti, Carnet de Londres - couverture

Le Carnet de Londres de Lorenza Mazzetti n’est pas un simple récit autobiographique, il est le récit de plusieurs vies ; celle de l’étudiante étrangère aux mœurs de sa nouvelle patrie, celle de la jeune fille rendue orpheline à cause de la guerre, celle de la féministe avant-gardiste qui évolue dans un monde encore trop lent.

Artiste aux multiples facettes – réalisatrice, écrivaine, peintre –, Lorenza Mazzetti est une figure méconnue mais essentielle du cinéma britannique d’après-guerre. Italienne exilée à Londres au début des années 1950, elle s’impose dans un milieu artistique encore très masculin et devient l’une des figures du Free Cinema, mouvement qui prône un cinéma libre, social et ancré dans la réalité. C’est dans cette veine que s’inscrit son Carnet de Londres, un texte qui mêle journal intime, souvenirs et réflexions sur l’art comme la condition féminine.

On y découvre ses débuts difficiles, entre précarité et micro-agressions, ses premiers pas en tant qu’artiste, ses différentes histoires d’amour et ses sentiments les plus profonds. Par une écriture vive et précise, l’auteure nous fait ressentir aussi bien ses mésaventures que ses émotions ; au fil des pages, l’on navigue entre désespoir, colère, tristesse, soulagement et joie. On crie, on pleure, on aime avec elle. Sa manière d’écrire, piquante et sincère, nous permet ainsi de passer d’une émotion à l’autre, d’une situation à une autre, sans toutefois jamais sombrer dans l’apitoiement. On perçoit sa difficulté à vivre, même si la simplicité de son ton pourrait parfois la masquer.

Au-delà du récit personnel, Carnet de Londres est aussi une fenêtre sur une époque et nous plonge dans des questionnements universels, ceux de la jeunesse qui tente sa chance loin de chez elle. Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Qu’est-ce que la vie si l’on n’a personne à aimer ? Comment s’adapter à un monde qui n’est pas encore à la hauteur ? Comment surmonter nos traumatismes ?

Finalement, cet ouvrage est une ode au cinéma, une ode à l’amour mais, surtout, une ode à la vie. Ode au cinéma, car il nous fait témoins de l’évolution du cinéma anglais d’après-guerre. Ode à l’amour, car il ne cesse de rappeler qu’« il est important d’avoir un amour pour être vivant » (p.49). Ode à la vie, car malgré les épreuves, l’espoir renaît toujours.

Le Carnet de Londres de Lorenza Mazzetti n’est pas un simple récit autobiographique, il est le récit de plusieurs vies ; la sienne, la nôtre, celle de toutes celles et ceux qui luttent et rêvent les yeux grand ouverts.

Informations pratiques
  • Lorenza Mazzetti, Carnet de Londres, traduit de l'italien pas Lise Chapuis, La Baconnière, 19€