Le lent sourire, roman de Caterina Bonvicini

Par Caroline Verhille

En lisant un bref résumé, on n’a pas forcément envie de se plonger dans le nouveau roman de Caterina Bonvicini, dont le sujet peut faire craindre le pire des livres tire-larmes. En effet, Le lent sourire, c’est d’abord l’histoire d’un groupe de trentenaires, amis de longue date, qui doivent faire face à la disparition de l’une d’entre eux, Lisa, tout juste maman et emportée en quelques mois par un cancer impitoyable.

Clara, la narratrice, nous raconte la maladie, le long travail de deuil d’une amie avec laquelle on s’est construite et le sentiment d’injustice qui domine, surtout quand la maladie frappe pour la seconde fois au sein du groupe. Heureusement, Diana, elle, s’en est sortie.

Face à ce drame qui les frappe à nouveau, chacun réagira à sa façon mais tous devront faire face à l’évidence ; à travers la perte de leur amie, c’est aussi à une partie de leur jeunesse qu’il leur faut désormais dire adieu.

C’est justement ce que Ben, brillant chef d’orchestre britannique, ne parvient pas à faire dans la seconde partie de ce roman qui met en scène, de façon inattendue, une toute autre histoire, avec un autre narrateur.  Le lien entre les deux parties ? La rencontre entre Clara et Ben, à l’hôpital où ce dernier assiste aux derniers instants de son ex-femme, Anna, une jeune cantatrice italienne qui s’éteint en même temps que Lisa.

Le tableau est chargé et si l’on suit avec émotion le parcours de Clara et sa description d’une amitié fusionnelle,  l’irruption de Ben dans la deuxième partie nous surprend franchement et il faut quelques pages pour s’habituer à cette rupture dans le récit. Même si le personnage de la jeune cantatrice  nous touche, peut-être aurait-on préféré rester concentré sur une seule histoire, aux personnages déjà bien nombreux. Le livre a toutefois des qualités indéniables. Un sens de l’observation et de l’anecdote qui fait souvent mouche, on se reconnait volontiers dans ces personnages un peu paumés, dans le récit d’une amitié fondatrice.

Caterina Bonvicini possède une belle plume qui rend le roman très agréable à lire et sur un sujet difficile, parvient toutefois a donner le sourire au lecteur en parlant, au final, surtout de la vie.