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Publié le lundi, 9 décembre 2019 à 09h49

Le Jeu du Chuchoteur, roman de Donato Carrisi

Par Deborah D'Aietti

Le Jeu du Chuchoteur - couverture

Dix ans après Le Chuchoteur, best-seller mondial, le serial killer revient. Mila, commissaire des Limbes qui avait remis son insigne, est contrainte à reprendre du service.

En pleine nuit d’orage, une famille sans histoires se fait massacrer. La police, qui a répondu trop tard à leur appel à l’aide, débarque dans une maison ravagée. Du sang partout mais aucun cadavre, ni parents, ni enfants. Un homme est pourtant vite arrêté, il est tatoué de chiffres des pieds à la tête. Un mot se détache pourtant sur sa peau : Mila.
Mila, l’enquêtrice de choc de l’affaire du Chuchoteur, est finalement la seule à pouvoir résoudre le mystère. Elle comprend vite que l’assassin, nommé Enigma, était accro à un jeu vidéo en ligne, Deux, et que les indices se trouvent là-bas. Mais Mila devient elle-même une proie, dans le jeu comme dans la réalité. Tout est une question de temps, afin d’éviter que d’autres personnes ne répondent à l’appel du chuchoteur.

Donato Carrisi ne faillit pas à sa réputation de maître incontesté du thriller italien. Le style Carrisi se construit toujours de la même manière avec des fausses pistes que suit le lecteur, des pirouettes narratives, les incises des personnages… il n’en est pour autant jamais déplaisant à lire et l’issue de chaque livre réussit finalement toujours par nous surprendre. L’auteur sait « cuisiner » les romans noirs…

Véritable thriller psychologique, Le Jeu du Chuchoteur est une suite directe au Chuchoteur, même si du temps s’est écoulé entre les deux. La lecture du premier tome n’est pas indispensable mais je la conseille, ne serait-ce que pour mieux dessiner les contours de l’enquêtrice Mila et son rapport au Chuchoteur précédent. La première scène où Mila apparaît dans sa maison éloignée au bord du lac, avec sa fille qui joue dehors, nous rappelle l’analphabétisme émotionnel dont elle souffre, son incapacité à ressentir de l’empathie : « Certains appelaient cela le ‘gel de l’âme’. ». Cette particularité du personnage est une cheville de l’intrigue.

Le Jeu du Chuchoteur joue un parallélisme entre réalité et virtualité. L’intrigue est en effet construite sur cette tension : le monde réel ne suffit pas à résoudre l’enquête, il faut s’aventurer dans l’univers du jeu vidéo Deux pour résoudre le mystère. Ici, le jeu vidéo n’est pas l’illustration de prouesses technologiques que l’on connaît actuellement ; il est donc dénué d’une esthétique soignée et immersive : « Elle (…) fut projetée dans un jeu vidéo vieillot » ; « Malgré la 3D, le graphisme était assez plat et la résolution laisse à désirer. Rien à voir avec les jeux vidéo modernes. Mila se demanda quel âge avait ce programme ». Ici, le crime s’initie au sein du jeu, par une idée que l’on insuffle, et vient s’achever dans le monde réel. Peut-être est-ce une critique sous-jacente du monde virtuel (donc du digital) et de son emprise sur nos consciences ?

Informations pratiques

Donato Carrisi, Le Jeu du Chuchoteur, traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza, éditions Calmann-Lévy.
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