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Publié le mardi, 25 mai 2021 à 09h40

Le dernier été en ville, roman de Gianfranco Calligarich

Par Deborah D'Aietti

Le dernier été en ville - couverture

Paru pour la première fois en Italie en 1973 et traduit en français chez Gallimard en 2021, Le dernier été en ville est un texte puissant d’une modernité vibrante. Une pépite littéraire qui nous plonge dans la Rome des années 60, sa jeunesse foisonnante et sa douce mélancolie.

Leo Gazzarra vient d’avoir trente ans. Milanais propulsé au sein de la capitale, il tient un poste de journaliste sportif à la Gazzetta dello Sport ; il a quelques amis proches et côtoie la jeunesse mondaine. Lors d’une soirée chic, il rencontre par hasard la surprenante Arianna, qui lui fait tourner la tête. Arianna est belle, fantasque et légèrement mythomane.
Il partage avec elle des virées nocturnes en voiture jusqu’au bord de mer, ses expériences de lecture, des citations de Marcel Proust, beaucoup de verres d’alcool et quelques cigarettes. Mais leurs liens s’étiolent peu à peu et le couple s’éloigne, comme avalé par le tourbillon de la ville. Les déambulations de Leo dans les rues de Rome finissent par le mener nulle part.

« Plus qu’une ville, c’est un repli secret de soi, une bête sauvage dissimulée. Avec elle, pas de demi-mesure, ou bien c’est le grand amour ou bien il faut s’en aller, car la tendre bête exige d’être aimée. » « D’où est-ce-que tu viens ? Ici, à Rome, tout le monde vient de quelque part, tu as remarqué ? »
Leo est en pleine construction de soi mais il devient le spectateur de sa propre vie, jusqu’à s’oublier lui-même : « je repensais à ma sortie désastreuse dans la pluie, ce matin-là, quand le souvenir de ce que j’avais oublié m’apparut soudain. Comme ça. J’avais passé toute la journée de mon anniversaire, à essayer de me souvenir que c’était mon anniversaire ».

Semblable à un roman initiatique, le texte révèle un Leo désenchanté, qui ne trouve pas sa place parmi une génération survoltée, joyeuse et insouciante à mesure que l’été avance. Cette inadéquation s’incarne dans le néologisme « brancal » employé à plusieurs reprises pour désigner Leo.

Gianfranco Calligarich dépeint avec de subtils détails les couleurs et les ambiances d’une époque en pleine ébullition face à la solitude et la langueur de son personnage principal, le tout dans une Rome intense et remarquable.

Informations pratiques
  • Gianfranco Calligarich, Le dernier été en ville, traduit de l’italien par Laura Brignon éditions Gallimard, collection du monde entier, 19 €

Vous pouvez commander ce livre, en italien ou en français, sur le site de La LIbreria