cinéma

Publié le mercredi, 15 mai 2024 à 10h09

Larmes de joie (Risate di gioia) de Mario Monicelli ressort au cinéma

Par Stefano Palombari

Une scène du film Larmes de joie de Mario Monicelli

Risate di gioia, Larmes de joie en français, chef-d'œuvre méconnu de Mario Monicelli, ressort au cinéma le 29 mai 2024 en copie neuve. Grâce au travail remarquable de la société indépendante Les Acacias, qui œuvre depuis quarante ans pour la valorisation du patrimoine cinématographique. Larmes de joie avec Totò, Anna Magnani, Ben Gazzara.

Deux anciens artistes de music-hall, Gioia Fabricotti, surnommée Tortorella, figurante à Cinecittà, et Umberto Pennazzuto alias Infortunio, qui vit de petites combines, se retrouvent, sans l’avoir voulu, à passer une fois de plus ensemble la nuit de la Saint-Sylvestre. Entraînés par Lello, un petit truand, ils vont de fête en fête et de mésaventure en mésaventure.

Réalisé entre deux chefs-d’œuvre (Le Pigeon et Les Camarades) par un Mario Monicelli alors au sommet, ce joyau est la chronique d’une nuit de la Saint-Sylvestre qui tourne au désastre pour un trio de bras cassés pathétiques - une éternelle figurante de Cinecittà (Anna Magnani), un vieux cabotin fatigué (Totò) et un petit escroc sans envergure (Ben Gazzara). Le film commence comme une pièce de commedia dell’arte usée où tout le monde est en surrégime, mais cette énergie un peu criarde trouve rapidement à se fondre dans les rouages d’une mécanique burlesque absolument merveilleuse de précision.

Monicelli utilise les décors naturels de Rome comme un théâtre à ciel ouvert où se déploient de grandes scènes à la démesure de plus en plus marquée. Places désertes, night-clubs bondés, retour sur la séquence de la fontaine de Trevi de La Dolce Vita avec Totò et Magnani (le film de Fellini est sorti quelques mois auparavant), villa gothique peuplée d’aristocrates allemands et chantiers au petit matin surgissent comme les visions démâtées d’un rêve au noir et blanc cristallin. Au-delà de son casting invraisemblable (Magnani, Totò, Gazzara !), c’est dans cette manière d’avancer dans une vaste nuit artificielle et d’avaler les espaces urbains comme autant de scènes oniriques que le film séduit. La déambulation, le jeu sur le vide ou le trop-plein (magnifique scène où Totò et Ben Gazzara se retrouvent dans une zone complètement détruite par les feux d’artifice) chargent le film d’une scintillante mélancolie hivernale.

Informations pratiques

Au cinéma à partir du 29 mai 2024.

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