Publié le samedi, 12 janvier 2013 à 14h10
La Veuve aux pieds nus, roman de Salvatore Niffoi
À Taculè, un village de la Sardaigne, la petite Mintonia aime courir à pieds nus dans les champs. Rebelle, elle se rachète de sa condition paysanne en apprenant à lire et à écrire. C'est cette éducation qui lui permettra plus tard de raconter, dans un journal destiné à sa nièce Itriedda, l'histoire de sa vie : le roman de Salvatore Niffoi.
Mintonia est la veuve aux pieds nus du titre. Son mari Micheddu, un rebelle s'opposant au fascisme, a été brutalement tué. Ce corps torturé, que Mintonia retrouve devant la porte de sa maison, est le symbole de la barbarie du contexte - cette terre aride, la Sardaigne de l’entre-deux-guerres, où même les saints sont damnés.
La force et l'obstination de l'amour, l’angoisse puis l’habitude de la solitude, enfin la haine et le courage de la vengeance rythment le destin de Mintonia. Les seules notes d’espoirs, dans cet univers voué à la souffrance, sont la sagesse de sa mère et la bienveillance de sa grand-mère. Et c'est grâce à cette humanité féminine que Mintonia décide d'adresser son journal à sa nièce :
« À Taculè tout change et tout reste pareil, pensa Itriedda. (…). Par une fenêtre ouverte, on entendait la mère d’Angiolina Turmentu chanter une vielle ritournelle :
Vole, blanche colombe, vole, va lui dire que je reviendrai. Dis-lui qu’elle ne sera plus seule…
À cette femme qui avait perdu son mari et son fils dans la vendetta contre les Mascanari, Itriedda prêta le cahier de Mintonia Saviuccu ».
Une écriture crue et violente comme la terre dont elle raconte les histoires. Des personnages féminins forts et inoubliables.